Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BERNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 866-867).

BERNE. Berna, Ville de Suisse, capitale du canton, sur une colline entourée de trois côtés de la rivière d’Aar. Le nom de Berne signifie Ours. Cette ville en a un dans ses armes, & en entretient plusieurs dans une fosse fort propre. M. Corneille dit qu’elle fut nommée Berne, ours, parce qu’on trouva un ours dans ses fondemens. Hoffman dit que Berne fut commencée par Berthold IV, Duc de Zeringhen, achevée par son fils Berthold V, qui lui donna le nom de Berne, ours, de la première chose qu’il rencontra dans la ville, en 1191. De-là vient que quelques-uns la nomment en latin Arctopolis. A Berne l’adultère & la prostitution sont des crimes punis de mort, & la simple fornication rend un homme incapable d’aucune charge pour toute sa vie. Maty.

Le Canton de Berne est le plus puissant des XIII, qui composent la République des Suisses. Il occupe seul plus d’un tiers de tout le pays. Bernensis Pagus. Il se divise en deux parties, le pays allemand & le pays roman. Voyez Simler. De Rep. Helvet. & Burnet, Voyage de Suisse.

BERNE. s. f. Saut en l’air qu’on fait faire à quelqu’un, soit par divertissement, soit par malice, en le secouant dans un drap ou dans une couverture. ☞ Quatre personnes tiennent les quatre coins d’une couverture, mettent quelqu’un au milieu, & le font fauter en l’air. Ludicra alicujus è sago linteo in altum jactatio, ludicrum sagi supplicium.

Jamais sot ne mérita mieux
D’être poussé d’un coup de berne,
Jusqu’à moitié chemin des cieux. Main.

C’est aussi un supplice cruel chez les Maures ou peuples de Maroc. Trois ou quatre nègres des plus forts prennent le patient par les jarrets, & le lancent en l’air aussi haut que leurs forces le permettent. Hist. de l’Emp. des Cherifs.

Berne, se dit figurément de ceux qu’on raille, qu’on tourne en ridicule dans une compagnie. Une proposition si déraisonnable mérite la berne.

On dit en termes de Marine, mettre le pavillon en berne ; pour dire, le tenir ferlé le long de son bâton :c’est un signal que donnent les vaisseaux pavillons aux vaisseaux intérieurs, pour les avertir de venir à bord.