Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BENJOIN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 857).
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BENJOIN. s. m. Sorte de résine excellente, qu’on apporte du royaume de Lao, & d’autres pays des Indes orientales. Benzuinum. On la tire par incision d’un arbre qui est beau & très-grand, dont les feuilles ressemblent à celles de citronnier, & qui, selon Dapper, s’appelle fatra. Elle est de couleur jaune, d’une odeur fort agréable, & facile à fondre. Il y en a de trois sortes. La première s’appelle amygdaloïdes, parce qu’elle est tachetée de plusieurs marques blanches, qui ressemblent à des amandes rompues : elle vient de Siam. La seconde est noire & fort odoriférante, & coule des jeunes arbres : elle nous vient de Sumatra. On l’appelle benjoin de boninas. La troisième est aussi noire, mais de moindre odeur. On la cueille dans les îles de Java & de Sumatra. Le benjoin est différent de la gomme de Laser ou assa fœtida. Il l’est aussi de la mirrhe.

M. d’Herbelot, au mot Ban, rapporte que quelques-uns disent que le Benjoin que les Persans nomment bassam-pieh, huile ou graille de baume, se tire du fruit d’un arbre appelé ban, semblable au tamarin, & qui croit en abondance dans l’Iémen, ou Arabie heureuse, & particulièrement au terroir de Mahara ; & il dit au mot hassalban, que les Turcs appellent le benjoin, hassalban, mot dérivé ou corrompu de celui de ban. Chorier dit, dans son Histoire de Dauphiné, p. 58, que les mélèses, qui font fréquens dans les Alpes aux environs de Briançon, produisent une espèce de résine si excellente, qu’on ne lui refuse pas communément le nom de térébenthine & de benjoin.

Nos habitans de l’île Bourbon nous envoient une résine odorante, qu’ils qualifient de benjoin. Elle a quelque chose à la vérité d’aussi suave que le benjoin, lorsqu’on l’écrase entre les doigts, & qu’on la brûle : cependant comme à la vue elle paroît en être différente, il y a lieu de croire que ce n’est pas le même arbre qui la porte : quoi qu’il en soit, ele a les deux qualités du benjoin, & peut être substituée à cette drogue si chère & si nécessaire dans la composition des parfums, des baumes, des cérats, des onguents, & des emplâtres. Si l’on envoie de cette colonie des branches de l’arbre qui donne cette résine, garnies de feuilles & de fruits, une description de la manière dont on retire cette résine de la partie de l’arbre qui la fournit, & les usages qu’on en fait dans le pays, cela pourra nous conduire à la connoissance de l’arbre du vrai benjoin, dont l’origine est encore ignorée. M. De Jussieu, Mem. Mss. Le benjoin commun est ordinairement fort brun : le meilleur est celui qui est perlé, plein de grosses larmes blanches, clair, luisant, ayant l’odeur bien forte & bien net : il ressemble à des amandes, qui seroient confites dans du miel. Barbe.