Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BENIT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 858).
◄  BENISTRE
BENIT-VŒU  ►

BENIT, ITE. adj. Qui a été bénit, consacré à Dieu. Une Abbesse bénite, de l’eau bénite, un pain bénit, des grains bénits.

Benit se dit encore en ces phrases proverbiales. Eau bénite de Cour, ce sont de grandes caresses, de belles protestations d’amitié de gens de Cour, qui sont simulées, & qui n’ont aucun effet. On dit que c’est pain bénit, que d’attraper un homme qui fait le fin, ou quand il arrive quelque infortune à un homme qui l’a bien mérité. C’est pain bénit, de vous montrer à tous tant que vous êtes de pédans, l’impertinence de vos citations, puisque vous en voulez tant faire. Mascur. C’est-à-dire, c’est un avantage, un plaisir, une joie. On dit autrement, c’est bien employé. On appelle aussi les Bédeaux des Paroisses, Ventres bénits, parce qu’ils vivent le plus souvent de pain bénit. On dit qu’un homme est réduit à la chandelle bénite, lorsqu’il est à l’extrémité, qu’il a reçu l’Extrême-Onction. On dit aussi d’un homme qui ne vient point après avoir été prié plusieurs fois de venir, qu’il faut avoir la croix & l’eau bénite pour l’avoir. On dit aussi changement de corbillon, appétit de pain bénit ; pour dire, que la diversité plaît en toutes choses.