Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BEN, ou BEHEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 847-848).

BEN, ou BEHEN. s. m. se prend pour un arbre qui croît en Arabie, & qui s’élève presqu’aussi haut que le bouleau. Ses feuilles sont arrondies, assez petites pour la grandeur de l’arbre, rangées par paire sur une côte branchue, & sont même clair semées. Son fruit est une gousse longue de cinq pouces environ, composée de deux cosses cannelées, coriaces, d’un goût plus insipide qu’astringent, & renfermant comme dans des cellules des noyaux blancs, triangulaires, gros comme de petites noisettes, qui contiennent sous leurs coques minces une semence amère, huileuse, semblable à celle de la noisette, mais plus blanche.

C’est une noisette triangulaire, & dont l’amande rend une huile si belle & si douce, qu’elle n’a aucune odeur ; de sorte qu’elle prend parfaitement bien l’odeur de la fleur qu’on lui donne, & si naturellement, qu’il n’y a pas de différence entre l’odeur de la fleur & celle de l’huile, lorsqu’on prend soin de la bien travailler. Cette huile se nomme Essence. Barbe. Cette huile a aussi cela de particulier, qu’elle ne rancit pas comme les autres huiles exprimées, & qu’elle peut être conservée en bon état pendant long-temps. Ce fruit, que les Arabes appellent ben, est nommé des Grecs Balanus Myrepsica, & des Latins Glans unguentaria. L’huile sert aussi à effacer les taches, & les lentilles du visage, appliquée seule, ou mélée dans des pommades. Les meilleures noix de ben sont pleines, fraîches, blanches, & fort aisées à peler. Elles servoient aux parfumeurs dès le temps de Pline. On dit : de la noix de ben, l’huile de ben.

On donne ce nom de ben, ou behen à deux autres plantes bien différentes ; l’une est appelée behen blanc, & l’autre behen rouge. voyez Behen.