Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BELGIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 841).
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BELGIQUE. adj. m. & f. Qui appartient aux Belges, qui concerne les Belges. Belgicus. Ce mot se disoit autrefois par rapport au peuple Gaulois, qu’on appeloit les Belges. Aujourd’hui il est fort bien reçu dans notre poësie, & pourroit même trouver place dans la prose, pourvû qu’on en usât sobrement, pour signifier ce qui concerne les peuples des Pays-Bas. Ainsi nous disons : Nos bataillons, nos armées ont inondé les plaines Belgiques, &c.

Déjà plus favorable à tes exploits nouveaux,
La victoire revient embrasser tes drapeaux:
Dans les Belgiques champs, sur un tas de victimes,
Tu l’as vue expier son erreur & ses crimes.

Le Lion Belgique, c’est-à-dire, les Belges, parce que les armes des Provinces-Unies sont un lion.

La Gaule Belgique est le pays qu’habitoient les anciens Belges. Belgium. Nous savons ses bornes du côté du midi, & de l’orient, & de l’occident ; car César dit qu’ils étoient séparés des Celtes par la Marne & la Seine, & qu’ils étoient voisins des Germains qui habitoient de l’autre côté du Rhin ; ainsi ils s’étendoient jusqu’à ce fleuve, qui les séparoit des Germains, ou Allemans ; mais on ne sait pas si bien jusqu’où ils s’étendoient du côté du nord. Cluvier prétend que la Gaule Belgique étoit le pays des Bellovaces, aujourd’hui le Beauvaisis. Sanson y ajoute l’Amiénois, l ’Artois, & peut-être même le Vermandois, & les Sylvanectes, ou le pays de Senlis. César, Liv. V, ch. 24. distingue la pays des Belges de celui de Rheims, des Morins, des Nerviens & des Eburons, mais Hertius y comprend le pays des Atrebates, ou l’Artois. Ainsi il semble que les Belges ne s’avançoient point du côté de l’occident jusqu’à l’Océan Britannique, & que du côté du septentrion ils ne passoient pas les Atrébates.

Aujourd’hui par la Belgique, ou le pays des Belges Belgium, nous entendons les XVII Provinces des Pays-Bas, c’est-à-dire, que nous le commençons où il finissoit autrefois ; mais comme je l’ai dit, cela n’est presque en usage qu’en poësie. En latin on se sert de ce nom en propre comme en vers dans ce sens. Wassebourg, Archidiacre de Verdun, a fait les Antiquités de la Gaule Belgique en deux vol. in-fol. 1549. Perrus Divæus a écrit De Belgio veteri, du pays des Belges sous les Romains. Il avoit aussi traité de l’Etat du même pays sous les Francs ; mais cette partie n’a point été imprimée, dit Mirœus, qui l’avoit manuscrit.

Belgique. Terme usité dans l’Histoire Ecclésiastique. Belgica. C’est le nom qu’on a donné à deux Provinces Ecclésiastiques des Gaules. La première Belgique, prima Belgica, c’est la Province dont Trève étoit la Métropole. Elle comprenoit l’Archevêché de Trèves, & les évêchés ses suffragants ; qui sont Metz, Toul & Verdun. La seconde Belgique, Secunda Belgica, c’est la Province de Rheims, qui comprenoit les diocèses de Rheims, de Soissons, de Châlons sur Marne, de Laon, de Senlis, de Beauvais, d’Amiens, de Tournay & de Térouenne. Voyez la Notice des Evêchés de Papirius Masson.