Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BEDEAU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 831).
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BEDEAU. s. m. C’étoit autrefois un Sergent dans les Justices subalternes ; & les Sergens Royaux, quand ils plaident contre eux, les qualifient encore de ce nom. Accensus, Apparitor. En effet, ils servent de Porte-verges dans les Eglises des Juridictions ecclésiastiques, comme on voit encore à S. Germain des Prez. On les appelle en latin Bidelli, qu’en croit avoir été fait par corruption de pedellus, comme servant à pied. Fauchet dit qu’on les appeloit autrefois Bidaux, & que c’étoient des soldats paysans.

Ce mot, selon quelques-uns, vient de l’hébreu בטן, badale, ordinare, arranger, ce qui regarde la fonction des Bedeaux. D’autres le tirent de pedo, seu baculo, quia virgâ utebantur. On a dit Pedellus de pedum, qui est cette sorte de verge ou bâton dont les Huissiers se servent ; & de Pedellus on a fait Bidellus. Cela paroît plus vraisemblable. L’hébreu ברל, signifie dividere, diviser, séparer, plutôt qu’ordonner.

Spelmannus, Vossius & Somnerus, le dérivent du mot Saxon Bidel, qui signifie Crieur public, Sergent ou Héraut. C’est ainsi que dans les vieux manuscrits Saxons les Evêques sont appelés Dei Bedelli, les Bedeaux de Dieu, c’est-à-dire, Præcones, les Hérauts de Dieu ; & dans Ingulfe, Hist. Croyl. Egdar Roi d’Angleterre défend à tous ses ministres, bedeaux & baillifs &c. Ce mot Saxon Bidel ou, bydel, vient du verbe Saxon bydde qui signifie demander, prier. L’interprète Saxon du nouveau Testament en S. Luc XII, 58, traduit Exactor par bydele ; dans les lois d’Ecosse bedellus est pris au même sens, ch. 112. Quelquefois au lieu de Bedellus on trouve Pedellus, d’où vient que Skenæus a dit qu’il ne pouvoit venir de bydel, mais de pedum. Dans les lois d’Angleterre Beadle, c’est-à-dire Bédeau, est un Huissier de la Cour qui cite les personnes que la Cour appelle pour y comparoître, & pour y répondre. Harris. Dans le vieux Coutumier de Normandie on fait différence entre les Sergens à l’épée, & les Bédeaux ; ceux-ci etoient destinés aux moindres services : Li bedel, dit-il, sont li mineur Sergeant, qui doivent faire les meneurs semonces. Voyez Spelman. Glossar. Archæol. & les Macri dans leur Hierolexicon.

Bedeaux, se dit aussi de ceux qui servent d’Huissiers & de Porte-masses dans les Universités, qui marchent devant le Recteur & les Facultés. Il y a dans l’Université de Paris quatorze Bedeaux, deux en chaque Nation, & deux en chaque Faculté. On divise les Bedeaux en grands & petits Bedeaux. Les grands ont le double de gages des petits ; & les petits, qu’on nomme sous-Bedeaux, sont comme les serviteurs des grands. Entre ces Bedeaux il y en a un qu’on appelle le grand Bedeau de France, qui est le premier Bedeau de la nation de France. On ne sait positivement le temps de l’institution des Bedeaux ; mais il est constant que l’Université n’a jamais fait corps qu’elle n’ait eu des Bedeaux pour porter ses ordres. Les Bedeaux des Nations sont plus anciens que les Bedeaux des Facultés, lesquels n’ont commencé que lorsque les Nations ont commencé à faire corps. Les Bedeaux de la Faculté des Arts s’élisent par les Nations. Les Bedeaux à leur réception prêtent serment, & lorsqu’ils ont bien servi, on leur promet de résigner leur Office. Les grands Bedeaux ont quatre livres pour chaque écolier qu’on reçoit Maître-ès-Arts, & les petits Bedeaux ont quatre sols.

Bedeau, est aussi un porte-verge, qui sert à l’Eglise & aux Confréries pour les quêtes, pour la conduite des personnes de qualité aux offrandes, aux processions, &c. Voyez les Recherches de Pasquier, Liv. IV. ch. 30, où il traite des Sergens & Bedeaux.

Naudé, dans son Mascurat, a dit Bedeau en parlant des Académies d’Italie. Tu peux facilement t’imaginer, ensuite de ce que M. Gassendi a déjà remarqué des Humoristes, que ces assemblées se font à jour nommé & intimé par le Bedeau à tous les Académistes. Masc. En France nos Académies n’ont point de Bedeaux.