Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BECLAS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 830).

☞ BECLAS. Nom forgé, dit-on, à plaisir par le célèbre Photius, qui fut chassé par Basile du siège de Constantinople où cet Empereur l’avoit placé. Pour entrer dans les bonnes grâces de l’Empereur, il imagina une histoire qu’il composa comme il voulut. Elle étoit écrite en anciens caractères d’Alexandrie, où il faisoit un détail de la noblesse & de la famille de Basile. Parmi les endroits fabuleux de cette histoire, il y en avoit un où il donnoit à l’Empereur le nom de ΒΕΚΛΑΣ, Beclas, & par le moyen d’un certain Théophanes, qui lui étoit affidé, il fit mettre ce volume dans la Bibliothèque du Prince. Quelque temps après, Theophanes fort entendu à jouer son rôle, vint trouver l’Empereur pour lui dire qu’en fouillant dans la Bibliothèque, il étoit tombé par hasard sur un ancien livre écrit en caractères inconnus. Basile, curieux de savoir ce qui y étoit contenu, fit plusieurs questions à Théophanes qui lui dit qu’il n’y comprenoit rien, & qu’il n’y avoit que Photius seul qui pût déchiffrer ces sortes d’écritures. Aussitôt Photius, rappelé de son exil par l’ordre de l’Empereur, commença par expliquer le Beclas, mot mystérieux, en faisant signifier un nom propre à chaque lettre. B, Basile, l’Empereur même ; E, Eudoxie, nom de l’Impératrice la femme ; C, Constantin ; A, Alexandre ; S, Stephanus, Etienne, tous trois fils de l’empereur, auxquels il interprétoit tout à leur avantage. Par cette ruse Photius rentra dans la faveur du Prince, & s’y insinua si bien, qu’après la mort du Patriarche Ignace, il fut remis sur le siège de Constantinople d’où il avoit été honteusement chassé quelques années auparavant. Nicetas est le seul Auteur qui rapporte ce fait, qui a bien l’air d’une fable.