Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BASQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 784-785).
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BASQUE. s. f. Petite pièce d’étoffe qui fait la partie d’en-bas d’un pourpoint, qui a la figure d’un trapèse. Les basques sont faites pour couvrir l’ouverture qui est entre le pourpoint & le haut-de-chausses. Thoracis scutula. M. Huet, Evêque d’Avranches, croit qu’on dit basques de pourpoint, parce que la mode des pourpoints à basques est venue de Biscaye. Selon le même Auteur, ce mot pourroit bien venir de tasque, qui signifie bourse ; les basques ayant été premièrement des bourses qui s’attachoient aux pourpoints. On appelle aujourd’hui basques d’un juste-au-corps ou d’une veste, les pans de devant & de derrière. Tirer quelqu’un par la basque de son habit. Les basques des justes-au-corps sont à présent plus amples qu’elles n’ont jamais été.

Basque, en Architecture, se dit des pièces de plomb qui sont sur les couvertures taillées en forme de basque vers les arêtiers. Tectorum scutulæ.

BASQUE, s. m. & f. Nom de peuple. Vascitania, Vascorum regio. Les Basques sont un peuple de Gascogne, en France, qui occupent un pays borné au couchant par la mer de Biscaye, au nord par les Landes & le Béarn, qui le confine aussi du côté du levant. Il a au midi les monts Pyrénées qui le séparent de la haute Navarre, & la rivière de Bidasse, qui le sépare de la Biscaye. Ce pays s’appelle du nom du peuple, les Basques, ou le pays des Basques ; quelques-uns l’appellent la Biscaye françoise. Il comprend la terre de Labour, la basse Navarre & le pays de Soule. Bayonne est la capitale. Les Basques passent pour droits, intelligens dans le commerce, & fidelles. Ils ont une langue qui n’est connue que dans leur pays & dans la Biscaye. M. de Marca, dans son Histoire de Béarn, L. I. c. 29, les distingue des Vascons Espagnols & des Vascons du pays de Soule, de Navarre & Labour. Il dit que les uns & les autres sont Vascons, & prennent leur nom du latin Vasco ; que néanmoins dans la prononciation vulgaire il y a quelque différence, quoique l’un & l’autre des termes qui signifient ces peuples, conservent leur rapport à la racine commune, qui est Vascones ; car les Vascons originaires qui resterent avec leur ancienne langue dans le pays de Soule, Navarre & Labour, après l’invasion que firent dans ces quartiers les Vascons Espagnols, sont nommés communément Bascos avec l’accent sur la première syllabe. Les anciens Novempopulains, qui voulurent accroître par leur jonction le Duché des Vascons, du temps d’Ebroïn, Maire du Palais, sont désignés par le terme de Gascons, avec un accent circonflexe sur la dernière syllabe. Il y a plus de 500 ans que l’on gardoit la même différence pour distinguer les nations, comme il paroît par Guibert, Abbé de Nogent, dans son Histoire de Jérusalem.

Dans la suite on ajouta un b à l’un de ces mots, & l’un de ces pays fut appelé Gasconia, l’autre Basconia comme dans la Chronique de Hugues, Moine de Vezelai. Le Synode de Latran, tenu en 1179 sous Alexandre III, nomme ces peuples Vasculos, que l’on trouve même dans Varron, De re rust. Liv. II. c. 9, & le Pape Lucius III, en ses Epitres, & Roger de Hoveden en ses Annales, Basclos. Quelques Auteurs les nomment Frontalliers, à cause qu’ils sont sur la frontière.

Tambour de Basque. Certain petit tambour, dont on doit l’invention aux Basques. C’est un cercle de bois large de trois doigts, sur lequel est tendu un parchemin, & auquel sont attachées des sonnettes, ou grelots, & quelques petites lames de cuivre propres à faire du bruit quand on le remue, ou qu’on le frappe. Vasconium tympanum.

Basque, adj. m. & f. Vasconicus. La langue Basque. Nous appelons langue Basque, non-seulement celle des Basques, mais encore celle des Biscayens, que les Espagnols appellent Vascuence, ou Viscanya, & d’autres Bascondague.

Ce mot vient de Basculus & Basclus, dont on a parlé dans l’article précédent, Voyez de Hauteserre, Not. in Greg. Tur. L. XI. p. 381, & Arnaldi Oihenarti Notitia utriusque Vasconiæ. Quelques Auteurs prétendent que les Basques descendent des Alains.

On dit proverbialement, courir comme un Basque pour dire, marcher vite & long-temps ; parce que ceux de Biscaie sont en réputation pour cela.