Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BASILIDIENS

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 782-783).
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BASILIDIENS. Nom d’anciens Hérétiques sectateurs de Basilide, qui vivoit presque dès le commencement du deuxième siècle. Ce Basilide étoit sorti de l’école des Gnostiques, dont le Chef étoit Simon le Magicien. Il croyoit avec lui que Jésus-Christ n’avoit été homme qu’en apparence, & que son corps n’étoit qu’un fantôme ; qu’il avoit donné sa figure à Simon le Cyrénéen, qui avoit été crucifié à sa place. Il permettoit à ses disciples de renoncer à la foi pour éviter le martyre, parce que Jésus-Christ, disoit-il, n’avoit souffert la mort que par feinte. Il avoit plusieurs opinions qui lui étoient communes avec les autres sectaires Gnostiques, touchant le Pere, qui seul étoit Dieu, touchant le νοῦς, ou entendement, le λόγος, ou verbe, & les autres émanations. Le premier des Dieux, ou des vertus & des intelligences, que Basilide admettoit, il l’appeloit Abraxas, ou Abrasax, parce qu’il renfermoit la force & la puissance des trois cent soixante & cinq intelligences, dont le nombre est exprimé par les lettres grecques du mot Αϐαξας, ou Αϐρασαξ ; car les lettres, comme l’on sait, servent de chiffres en grec : en voici la valeur dans le mot dont il s’agit :

Α. Β. Ρ. Α. Ξ. Α. Σ.
1. 2. 100. 1. 60. 1. 200.

En joignant ensemble tous les chiffres qui répondent à chaque lettre, & qui sont séparés d’un point, on trouve 365.

Ces Basilidiens prétendoient trouver plusieurs secrets ou mystères dans les lettres du nom de Dieu, & par ces sortes de superstitions qui ont été adoptées par les Juifs Cabalistes, ils imposoient au simple peuple. Ils avoient inventé de certaines amulètes ou phylactères, auxquelles ils attribuoient de grandes vertus. Consultez S. Irénée & S. Epiphane, S. Philastrius, S. Augustin, S. Jean Damascène, qui ont parlé au long de Basilide, comme d’un magicien & d’un enchanteur, & des Basilidiens. Nous apprenons d’Eusèbe, Liv. IV de son Hist. Ecclésis. ch. 7, que cet imposteur avoit écrit 24 livres sur les Evangiles, & qu’il avoit feint je ne sais quels Prophètes, à deux desquels il avoit donné les noms de marcaba & de Barcoph. Les Gnostiques se plaisoient à inventer des noms inconnus, pour imposer plus facilement à leurs sectateurs, & ils attachoient à ces noms supposés des vertus particulières, croyant avec Pythagore & avec Platon, que les noms n’avoient pas été inventés par hasard, mais qu’ils signifioient tous quelque chose de leur nature. Basilide, pour imiter Pythagore son Patriarche, vouloit que ses disciples fussent dans le silence pendant l’espace de cinq ans. Eusèbe avoit appris toutes ces particularités d’un célèbre Ecrivain, nommé Agrippa Castor, contemporain de Basilide, qu’il avoit réfuté en mettant au jour toutes les impostures de cet hérétique. Origène, dans la Préface de son Commentaire sur S. Luc, met au nombre des faux Evangiles celui qui avoit été composé par Basilide. Voyez Gnostiques.