Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BARBACANE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 751-752).

BARBACANE. s. f. Terme de fortification. Fente, ou petite ouverture qu’on fait dans les murs des châteaux & forteresses pour tirer à couvert sur les ennemis. Tabulare vallum arcendis telis. Quelques-uns croient que c’est un parapet de bois crénelé. D’autres l’ont pris pour toutes sortes de défenses & couvertures contre les ennemis. On a dit aussi autrefois barbocane & barbecane. Du Cange dit que c’est une défense extérieure de la ville, ou du château, qui sert à en fortifier les portes, & les murs, qu’il appelle en latin barbacana, ou barbicana, antemurale, & promurale. C’étoit autrefois un Fort qui étoit à l’entrée d’un pont, ou hors la ville, qui avoit un mur double & des tours.

Il y a une semblable barbacane à un des bouts du pont de Rouen, où le château qui est fortifié de cette manière est encore appelé par quelques personnes barbacane. On y mettoit autrefois de certains vaisseaux de guerre, faits en forme de galères qui servoient à la défense de la ville, dans les temps où ces sortes de galères étoient en usage ; & l’on trouvera encore aujourd’hui dans les archives de Roue, les noms de ceux qui commandoient ces vaisseaux ou galères. Le mot de Barbacana est aussi en usage dans le même sens chez les Espagnols. Voyez Covarrius dans son Trésor de la langue castillane. Ceux de la Crusca disent, que c’est la partie de la muraille qui est au bas de l’escarpe pour la sûreté de la ville : en ce cas ce seroit la même chose qu’une fausse-braie.

Ce mot vient de l’italien babacane, qui est un mot arabe, selon Spelmannus.

Barbacane, en termes d’Architecture, est une fente ou ouverture étroite & longue en hauteur, qu’on laisse dans les murs pour faire entrer & sortir les eaux, quand ils sont bâtis en un lieu sujet aux inondations, ou pour faire égoutter les eaux des terrasses. Spiramentum. Mais en ce sens le mot de barbacane n’est pas si usité que celui de ventouse.