Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BANNIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 742).
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BANNIR. v. a. Exiler quelqu’un, le faire sortir d’une Juridiction, d’une Province, d’un Royaume, par sentence ou condamnation de Justice, à perpétuité, ou pour un temps. Aliquem exilio mulctare, afficere, in exilium ejicere. A Rome, dans les premiers temps, on ne pouvoit pas bannir un Citoyen ; mais on lui interdisoit l’usage de l’eau & du feu, afin que se voyant privé de deux élémens si nécessaires à la vie, il fut obligé de se retirer lui-même de la ville pour les aller chercher ailleurs.

Bannir, se dit par extension, pour chasser, éloigner quelqu’un de sa présence. Expellere. Cette fille a banni son amant, elle ne le veut plus voir. ☞ Bannir quelqu’un d’une société, des bonnes compagnies.

On dit aussi, se bannir de la Cour. Secedere ex Aulâ ; se bannir du monde, mundo valedicere ; pour dire, s’en retirer. ☞ Se bannir d’une compagnie, s’abstenir d’y aller.

Bannir, se dit figurément. Eloigner de soi. Expellere, depellere. Il faut bannir le chagrin. Il faut bannir un ingrat de sa mémoire, une pensée criminelle de son esprit. ☞ Bannir toute crainte. Cette fille a banni toute pudeur.

Laissons-les s’applaudir de leur pieuse erreur,
Mais pour nous bannissons une vaine erreur. Boil.

Bannir, en quelques coutumes, signifie publier, & ainsi on dit, que les vendanges ont été bannies, quand on a publié la permission de les faire. Promulgare. On dit en plusieurs lieux, qu’une personne a été bannie, quand on a fait dans l’Eglise la publication des bans de son mariage.

Bannir, au Parlement de Toulouse, signifie saisir.

BANNI, IE. part. Exilio affectus, in exilium pulsus. Il est aussi substantif. Un banni à perpétuité & hors du Royaume ne peut ni succéder, ni recevoir un legs, parce qu’il est mort civilement, & par conséquent il est incapable de tous effets civils ; ensorte même que s’il se marie, ses enfans, quoique légitimes, ne peuvent lui succéder : on leur accorde seulement pour alimens une pension viagere ; mais ils ne sont point régnicoles, ils sont réputés étrangers. Dans la coutume de Bretagne on appelle contrat banni, le contrat qui a été publié en justice, ou en la cour du Seigneur ; & dans la coutume de Normandie on dit, Ost banni ; pour dire, armée convoquée ; ce qui se fait quand les vasseaux sont appelés pour aller en guerre, quand le Prince fait crier & convoquer ceux qui sont tenus de lui faire service en guerre à cause de leurs fiefs.