Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAMBOU

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 728).
◄  BAMBOCHE
BÂME  ►

BAMBOU. s. m. Arundo tabaxifera, spinosa. Plante des Indes que Pison dit être une espèce de roseau. Il part de sa racine plusieurs jets beaucoup plus considérables que ceux de nos roseaux ordinaires, branchus, creux, noueux, & séparés d’espace en espace par des cloisons. Ces cavités au lieu de moelle sont remplies d’un suc doux, fort agréable, & qui s’épaissit ensuite par la chaleur, & devient ce qu’on appelle sacchar. Ce suc dans les Indes est fort estimé. Ses feuilles naissent de chaque nœud, & sont accompagnés d’épines. Elles sont longues de quatre à cinq pouces au plus, sur un bon doigt de largeur, terminées un peu en pointe, cannelées par des nervures qui suivent toute leur longueur, vertes, rudes & âpres au toucher. Ses fleurs naissent en épics écailleux, & semblables à ceux de blé de froment. Il s’est élevé beaucoup de disputes entre les Naturalistes sur le Sacchar & Tabaxer ; la plûpart prétendent que ces noms étoient propres à la canne de sucre & au sucre qu’on en tire. Les autres au contraire soutiennent que c’est mal-à-propos, puisqu’ils sont encore usités dans les Indes, & consacrés pour signifier le suc du Bambou. Les jets de Bambou viennent souvent si pressés qu’on ne sauroit pénétrer une forêt de cette plante ; son suc est très-vanté dans les Indes pour plusieurs maladies. Il y a trois espèces de Bambou dans l’Hortus Malabar.

On l’appelle aussi Mambou & Voulu. Voulou est une espèce de canne d’Inde, qui tient de l’arbre appelé par Linschot & Acosta Mambu & Bambu, à l’imitation des Indiens, d’où est venu le nom de bamboche, que nous lui donnons dans ce pays-ci. La moelle humide approchante du lait qui se trouve dans le Bambou est nommée par les médecins Arabes Tabaxir, & par les Indiens Sacar Mambou ou Bambou, c’est-à-dire, sucre de Mambou, dont les Arabes, les Persans, & autres Orientaux, sont un cas tout particulier. Dapper.