Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BALLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 725).

BALLER. v. n. Danser. Saltare, choreas, agere. Cette jeunesse a dansé & ballé toute la nuit. Pour être un vrai Galand, il faut toujours babiller, danser & baller. Saras. Cet homme va toujours les bras ballans ; pour dire, en laissant aller ses bras suivant le mouvement de son corps. Il est midi sonné & ballé ; pour dire, midi passé. Ce mot est vieux, & ne peut passer que dans le discours familier.

Ménage dérive ce mot de ballare, fait du grec βάλλειν, dont les Latins & les Grecs se sont servis en la même signification. Du Cange dit qu’il vient de βάλιζω, qui signifie pergo, gradior. De Rubis ; dans son Hist. de Lyon, L. I, pag. 108 & 109, dit, que les anciens Gaulois alloient querir le Gui de chêne, & le portoient dans leurs villes suivis des Prêtres & du peuple, demenants joie avec leurs balations qui étoient des chansons & balades qu’ils alloient chantant avec mouvemens de corps, répondant à la cadence de la voix, & que ces chansons & danses s’appeloient balations, à balatu ovium, duquel elles approchoient fort, & que de-là nous avons retenu le mot baller. L’Auteur du Sermon 215, de temp. dans Saint Augustin, dit, erat Gentilium ritus inter Christianos retentus, ut diebus festis balationes, id est, cantilenas & saltationes exercerent, quod balare, id est, vociferando saltare vocabant.