Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BALATRON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 718).
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BALATRON. s. m. Vieux mot, qui signifie débauché. Acron ancien Grammairien, & Commentateur d’Horace, rapporte différentes étymologies de ce nom, que Lambin & les autres Commentateurs de ce Poëte ont copiées d’après lui. 1°. Il dit que ce nom vient de Servilius Balatro, dont Horace parle, Liv. II, Satyr. 8. Ce fut un fameux débauché de Rome, ce qui fit qu’on donna son nom à tous les gens de même sorte. Acron ajoute qu’on trouve aussi baratrones, d’où balatro peut s’être formé ; ensorte qu’on ait appelé les débauchés baratrons, parce qu’ils jettent leurs biens comme dans un gouffre, in barathrum mittunt. Il dit encore qu’ils ont été appelés balatrons du mot balatus, bêlement des brebis, pour marquer que ce sont des gens qui ne disent que des bagatelles, vaniloqui, ou bien que ce sont des goinfres, de grands mangeurs, qui dépensent tout pour leur bouche. Un autre commentateur plus récent, croit que ce mot peut venir de blatero, qui signifie un grand parleur, un babillard. Spelman le fait descendre de balare, danser, balatro, un danseur. Ce terme passa dans notre langue, & l’on a dit que Henri III, Empereur chassa les farceurs, les balatrons, &c. Mais il ne se dit plus. Les Italiens appellent encore balatrons les gens de néant, que nous appelons belîtres, peut-être au sens que Sextus Pompéius lui donne, en disant que balatrons signifie les taches de boues, les crotes oui s’attachent aux pieds & aux habits d’un homme qui va à pied.