Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAILLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 705).
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BAILLER. v. a. Prononcez la première syllabe brève, & ill’, comme deux ll mouillés. donner, mettre en main. Dare, tradere. Il lui a baillé cent écus par cette donation. Il lui faut bailler cette lettre en main propre. En ce sens il est moins en usage que donner, & même on ne le dit plus que dans les provinces. Il signifie pourtant autre chose que donner, qui veut dire faire un don ; au lieu que bailler, signifie seulement, mettre entre les mains. T. Corn. Un général qui s’est marié a baillé des gages à la fortune pour ne plus tant hasarder, Balz. La M. le Vayer soutient qu’il ne faut point tant mépriser bailler, & qu’il est nécessaire pour diversifier la phrase. Mais aujourd’hui il ne trouve place que dans le style des Notaires ; bailler à ferme : & dans le grimoire du Palais ; bailler des écritures, bailler des contredits, bailler caution, bonne & suffisante caution.

Nicot le dérive du grec βάλλω, c’est-à-dire, mitto ; celui qui baille envoie en quelque façon. Etienne Guichard est de même avis, mais il va plus loin encore, car il dérive βάλλω de l’hébreu נבל, nabal, en retranchant le נבל ; נ signifie tomber, couler.

On dit proverbialement, en bailler à garder ; pour dire, en faire accroire à quelqu’un. On la lui a baillé belle ; pour dire, on s’est moqué de lui.

BAILLÉ, ÉE. part. Datus, traditus.