Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAGATELLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 697).
◄  BAGASSE
BAGAUDE  ►

☞ BAGATELLE. s. f. Chose de peu de prix, & peu nécessaire. Il signifie figurément, & c’est son plus grand usage, chose frivole & de peu d’importance, & qui ne mérite pas d’être considérée. Nugæ, frivola. C’est un homme qui s’amuse à des bagatelles. Il a donné cette maison pour une bagatelle. Ce livre n’est rempli que de bagatelles ; pour dire, il n’y a rien de solide. Les bagatelles de Balzac étoient des bagatelles magnifiques & harmonieuses, c’est-à-dire, des paroles vides de sens, qui n’amusent que les oreilles, & qui ne disent rien à l’esprit & au cœur. Vous voilà bien embarrassé pour une bagatelle. Mol. A moi cent mille vers sont une bagatelle. Scar. Ce mot est un diminutif de bague.

On dit absolument, bagatelle, pour faire entendre qu’on ne croit pas, ou qu’on ne craint pas ce qu’un autre dit. Vous croyez réussir en cette entreprise : bagatelle. Vous me menacez d’un procès : bagatelle.

Je suis de Dieu des vers, je suis bel esprit né,
Je sais jouer du Luth, arrêtez : bagatelle.
Le Luth ne pouvoit rien sur son cœur obstiné. Font

Etienne Guichard le dérive de bagad, בגד, qui en hébreu signifie prévariquer, mentir, tromper ; en changeant le ד d en t.