Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BADINER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 695).
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☞ BADINER, v. n. Jouer, s’amuser à des jeux d’enfans. Nugari. Les enfans badinent avec tout ce qu’ils trouvent. Cet homme ne fait que badiner.

Badiner, signifie aussi, se jouer agréablement, dire les choses d’un air fin & plaisant. ☞ Mettre une sorte de galanterie & d’agrément dans la conversation, dans la manière d’écrire. Un galant homme sait badiner agréablement. Les gens qui n’ont étudié que le monde savent d’ordinaire l’art de badiner avec esprit, & de railler finement dans les conversations enjouées. Bouh. Pour badiner de bonne grâce, il faut beaucoup de politesse. La Bruy.

Ce n’est pas qu’une Muse un peu fine
Sur un mot en passant ne joue & ne badine. Boil.

Badiner, se dit aussi de plusieurs petits ornemens qu’on attache ; & signifie, avoir un petit mouvement agréable, voltiger. Nutare. Il faut que cela badine un peu. ☞ Cette dentelle, ce ruban badine agréablement.

Badiner, v. a. Terme du style familier. Badiner quelqu’un, disent les Vocabulistes, c’est le railler, s’en moquer. Non, ce n’est pas s’en moquer. La moquerie est offensante, parce qu’elle est le langage & l’expression du mépris : & badiner, non-seulement ne présente point, mais paroît même exclure cette idée. Badiner quelqu’un, c’est le railler d’une manière agréable, capable d’amuser & de faire rire, sans l’offenser. Cavillari, jocari. Nous l’avons bien badiné. Elle a badiné les autres, mais elle a été badinée à son tour.