Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BADAUD

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 693).
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BADAUD, AUDE. s. m. & f. Sot, niais, qui s’amuse à tout, & admire tout. Stolidus, stupidus, bardus. C’est un sobriquet injurieux qu’on a donné aux habitans de Paris, à cause qu’ils s’attroupent, & s’amusent à voir, & admirer tout ce qui se rencontre en leur chemin, pour peu qu’il leur semble extraordinaire. Un Charlatan a bientôt amassé autour de lui plusieurs badauds.

Il est un lieu de Mimes habité.
Et de badauds en tout temps fréquenté. R.

Ce moc vient apparemment du moc latin barbare badaldus, fait de badare, qui signifie béer, ou de l’italien badar, qui ne signifie autre chose que regarder ; comme le mot de hâbleur qui vient de l’espagnol hablar, qui ne signifie que parler. On disoit autrefois en françois, bader ; pour dire, tenir la bouche ou la gueule ouverte & béante. Quelques Auteurs dérivent ce mot à bagaudis, qui étoient des rebelles qui firent bien des désordres en France du temps de Dioclétien. M. Huet dit que badaud se dit par corruption pour bidaut, & que bidaut est le même que bedeau.