Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BACCHANALES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 688-689).
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BACCHANALES. s. f. Bacchanalia. Prononcez Baccanales. C’étoit autrefois une fête de Bacchus chez les Païens. Les Athéniens la solemnisoient avec beaucoup d’appareil, & ils comptoient même les années par la célébration de cette fête avant qu’ils les comptassent par les Olympiades. Il s’y commettoit beaucoup d’excès. Maintenant c’est une réjouissance ou mascarade qu’on fait au carnaval, où on se couronne de lierre, & où on imite ces anciennes fêtes. Je hais ces repas où la joie ressemble à la fureur, & qui tiennent un peu de la fête des Bacchanales. M. Scud. On appelle aussi la fête des Bacchanales, Orgie, du mot grec ὀργή, qui signifie fureur & emportement ; par rapport à ce qui se passoit dans ces solemnités. Auprès de Vitellius on ne voyoit que désordre & qu’yvrognerie, & son armée ressembloit mieux à des Bachanales, qu’à un camp bien discipliné, Harlay.

L’Origine des Bacchanales vient des Egyptiens. Un certain Mélampus les apporta d’Egypte en Grèce, selon Diodore de Sicile, Liv. I de ses Antiq. ch. 2. Plutarque, dans son Livre d’Isiris & d’Osiris, fait aussi venir d’Egypte les Bacchanales. La Cérès des Grecs est selon lui l’Isis des Egyptiens, & leur Osiris est le Bacchus des Grecs. La forme & la disposition des Bacchanales dépendoit chez les Athéniens de l’Archonte, ou premier Magistrat, comme nous l’apprenons de Pollux, Liv. 8, chap. 9. Elle étoit simple dans les commencemens, mais elle se fit dans la suite avec tant d’apparat, & avec des cérémonies si infâmes, que les Romains, qui en eurent honte, la défendirent dans toute l’Italie. Les anciens Pères ont fort reproché aux Païens les désordres & les abominations des Bacchanales parmi les Grecs. Ces sortes de divertissemens si contraires à la pureté & à la modestie chrétienne, furent défendus dans les Conciles. Pierre Castellan a traité à fond de cette fête dans son Livre intitulé Eortologion, qui a été imprimé in-8°. à Anvers, & qui est postérieur à celui que Meursius a écrit sur la même matière.

On appelle aussi Bacchanales, des tableaux ou bas-reliefs qui nous restent de l’Antiquité, où ces fêtes sont figurées ; & ce sont d’ordinaire des danses & des nudités. On voit encore des Bacchanales dans plusieurs frises anciennes. Il n’y a tien de plus plaisant & de plus gracieux, que des Bacchanales peintes par le Poussin. Félib.

Bacchanale se dit quelquefois d’une débauche faite avec grand bruit. Liberior luxuriandi, vel compotandi licentia. Ils ont fait une bacchanale qui a duré toute la nuit. Il est du style familier. Acad. Fr.