Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BAAL-GAD

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 683-684).
BAAL-HAZOR  ►

BAAL-GAD. s. m. Selon quelques Auteurs c’est une idole des Syriens, & ce nom est composé de Baal, Seigneur, ou Dieu ; & de Gad, fortune, comme qui diroit Dieu de la fortune. Ils prétendent que l’on a dit aussi Bagal, ou Begal, noms qui signifient, disent-ils, bonne fortune. Dans l’Allemagne, ajoutent-ils, les Juifs ont coutume de mettre au-dessus de la porte de leur maison Ba-gad, ou Mazaltob, c’est-à-dire, bonne fortune, ou bon génie, pour attirer, ce semble, la prospérité dans leur famille. Il en est parlé dans Josué XI, 17, XII, 7, XIII, 5, & c’est un nom de lieu qui étoit dans la plaine du Liban, au pied du mont Hermon. Quelques Interprètes grecs l’ont appelé Baelgad, & Galgal, & Baegga, ou Balgad ; mais tous le prennent pour un nom de lieu. Il pourroit avoir été ainsi nommé, à cause de quelque idole qui y étoit adorée.

Quant à ce qui est de Bagad, ou Begad, que ces Auteurs disent avoir été la même chose que Baal-gad, ce mot ne se trouve qu’une seule fois dans l’Ecriture, Gen. XXX, 10, où l’Auteur sacré rapporte ce que Zelpha dit en mettant Gad au monde, & ce qui le fit nommer Gad, בגד. Ce mot hébreu ne peut avoir que deux étymologies. Ou il est formé du verbe בא, venit, & du nom גד, qu’on interprete felicitas, fortuna, & qu’Aquila, qui suit ce sentiment, a tourné ζῶσις ; ou bien il est composé de la préposition ב, in, & du même mot Gad. De quelque manière qu’on le prenne, c’est une manière de parler adverbiale, que la Vulgate a très-bien rendue par feliciter, prosperè. Est-il vraisemblable que Zelpha ait reclamé, ou remercié une idole, & que quand elle l’eût fait, c’eût été de ce nom d’Idole qu’on eût pris celui de son fils ? La coutume des Juifs d’Allemagne est une preuve que ce n’est point un nom d’idole ; jamais ils ne furent plus éloignés de l’idolâtrie qu’ils le sont. Voyez Kirker, Tom. I, Synt. IV, cap. 8, Selden, de Diis Syriis Synt. I, cap. 1.