Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÉTOINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 877).
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BÉTOINE. s. f. Betonica. Plante vivace à fleurs en gueule. Sa racine est grosse comme le doigt, & garnie de plusieurs fibres longues & chevelues. Les feuilles qui en partent sont oblongues, bosselées, velues, & portées sur des queues longues d’un pouce ou deux. Ses tiges sont carrées, rarement branchues, hautes d’un pied & demi, chargées par intervalle de quelques feuilles opposées, plus alongées que celles du bas, & plus étroites. Ces tiges se terminent par un épi de fleurs purpurines assez pressées, dont chacune est un tuyau découpé par-devant en deux lèvres. La supérieure est relevée, pliée en gouttière, & échancrée ; & l’inférieure est divisée en trois parties ; le calice est un cornet verdâtre, au fond duquel sont contenues quatre petites semences oblongues. La bétoine est céphalique. Antonius Musa, Médecin de l’Empereur Auguste, en a recueilli les vertus dans un Traité particulier qu’il nous a laissé. On a tant attribué de bonnes qualités à la bétoine, que les Italiens disent en proverbe d’une personne qu’on veut louer beaucoup, qu’il a autant & plus de mérite que la bétoine. Tu hai piu virtu che non hà la betonica.

Betonica vient de Vetones, peuples d’Espagne, qui ont les premiers employé cette plante ; on croit que ce sont les Béarnois. Pline dit que cette herbe s’appeloit vettonica dans la Gaule, en Italie, serratula ; & en Grèce castron ou psycotrophon, & que les Gaulois l’avoient appelée vettonica à vetonibus.

On prend la poudre de bétoine en guise de tabac. Elle est âcre & amère ; elle atténue, elle ouvre, elle absterge. Sur-tout on l’estime dans les maladies du cerveau, du foie, de la rate, &c. Elle est aussi diurétique & vulnéraire. Il y a des Médecins qui s’en servent avec succès dans la goutte.