Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÉOTIEN

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 859).
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BÉOTIEN, ENNE. s. m. & f. Nom de peuple, & adjectif, qui se dit de ce qui appartient à ce peuple. Bœotus, Bœotius. Les Béotiens passoient pour avoir l’humeur sauvage, de sorte que pour l’adoucir on eut besoin de joueurs de flûtes, ce qui les rendit depuis affectionnés à cet instrument. T. Corn. Les Béotiens furent d’abord sujets à des Rois. Ils établirent ensuite une sorte de République, dont les Thébains furent ordinairement les Chefs. Id. Etienne dit que les Béotiens l’emportoient sur les autres peuples de la Grèce dans les exercices du corps, ou de la Gymnastique. C’est peut-être ce que marquent sur leurs médailles le bouclier & la massue qu’on y voit souvent, aussi-bien qu’une figure d’homme armé qui tient une pique. On disoit d’étranges choses de la stupidité des Béotiens, témoin le proverbe ; un cochon, un esprit, une oreille de Béotie ; pour signifier un sot & un hébété. Homère traite les Béotiens d’hommes fort épais & fort stupides. Pindare & Plutarque, deux Béotiens qui ne sentent guère le terroir, & qui prouvent bien que l’esprit est de tout pays & de tout sexe, passent condamnation sur la bêtise de leurs compatriotes. Lucien, dans ses Dialogues, fait répondre par une interlocuteur : ce que vous dites là est bien sauvage, & diablement Béotien. Horace dit qu’à juger d’Alexandre par son mauvais goût sur la Poësie, on jugeroit que c’est un franc Béotien. Tourr.