Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÉJAUNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 838).
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BÉJAUNE. s. m. Terme de Fauconnerie, qui se dit des oiseaux niais, & tout jeunes, qui ne savent encore rien faire, parce que la plûpart de ces oiseaux ont le bec jaune avant que d’avoir des plumes. Pullus recentior.

Béjaune, signifie figurément, ignorance, bévue. Ignorantia, stupor. Il se dit en cette phrase proverbiale : on lui a fait voir son béjaune ; pour dire, son ignorance & sa méprise.

Ce mot a été dit par corruption de bec jaune, par la métaphore des oisons & autres oiseaux niais qui ont le bec jaune ; ce qu’on a appliqué aux apprentis en tous les arts & sciences. Rudis, tiro, imperitus. Et ainsi on faisoit payer autrefois aux écoliers de Droit leur béjaune ; pour dire, leur bien-venue : & les Clercs de la Basoche de Paris appellent encore les lettres de béjaune, celles qu’on leur donne pour attestation du service qu’ils ont fait chez les Procureurs, quand ils veulent être reçus à une telle charge. On a appelé aussi béjaune, le festin que faisoient les Clercs, ou les Apprentis, lorsqu’ils étoient reçus en charge, ou passés maîtres. Tironis epulum tirocinio excedentis. On dit encore payer son béjaune, du repas que donne un Officier à ses camarades en entrant dans un Régiment. Du Cange dit qu’en la basse latinité on a appelé béjaunus un jeune écolier de l’Université, & bejaunium le festin qu’il faisoit pour sa bien-venue.