Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÉCASSINE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 829).
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BÉCASSINE. s. f. Autre oiseau plus petit que la bécasse, & qui a le bec long & noir au bout. On compte ordinairement trois espèces de bécassines, qui sont différentes pour le goût. La première, que l’on nomme aussi bécasseau, a le plumage du dos à peu près semblable à celui de la caille, les ailes plus noires, & le ventre plus blanc. Elle a une tache blanche à l’extrémité de l’aile ; son bec a quatre doigts de long, le bout en est noir & cannelé, taché de différentes couleurs, & gros à l’extrémité. Elles se tiennent dans les prairies & les lieux découverts, pendant l’hiver, & se retirent au printemps comme les bécasses. Les bécassines de la seconde espèce sont de même grosseur que celles de la première. Leur bec est plus pointu, uni & tout noir. Leur plumage, à la tête & sur le dos, est brun, ou cendré-obscur ; le dessous de la gorge & la poitrine moucheté de blanc. Le ventre, les cuisses & le dessous de la queue d’un très-beau blanc ; les grosses plumes de la queue mouchetées de noir. Elles aiment les lieux aquatiques. On ne sait si les anciens ont connu cet oiseau. Belon, Liv. IV, ch. 2, croit que c’est celui qu’Aristote nomme Cinclus, Κίγκλος. Les bécassines de la troisième espèce sont plus petites que les autres, & plus semblables à la première espèce qu’à la seconde. Seulement leurs plumes sur le dos sont de couleurs changeantes, à peu près comme celles de l’Etourneau. Les bécassines au reste, de quelque espèce qu’elles soient, sont plus tendres & plus délicates que les bécasses. C’est un des plus excellents mets, & l’aliment le plus capable d’exciter & de réveiller l’appétit. La seconde espèce est pourtant plus estimée.

Il y a encore une quatrième espèce de bécassine, appelée en latin Tringa. Cet oiseau est de la grandeur d’une grive ; son bec est noir & long de deux doigts, un peu courbé à l’extrémité, la langue bien aiguë, qui est de la longueur de celle de la Mésange, & qui se cache de même. Le haut de sa tête, de son cou, de son dos & de ses ailes, est brun, tirant un peu sur le châtain ; mais en toutes les parties, & principalement aux ailes on voit quelque blancheur aux plumes, autour des yeux, au menton, à la poitrine, au ventre &c au croupion : elles sont pareillement blanchâtres. Les douze plumes dont la queue est composée, sont traversées de lignes blanches & noires. Ses jambes sont longues de cinq doigts, & sont d’une couleur composée de brun & de vert. Ses trois doigts de devant s’étendent quasi d’une demi-paume : celui de derrière est très-court. On dit proverbialement tirer la bécassine ; pour dire tromper au jeu, en cachant son habileté & sa force. Ac. Fr.