Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/BÆTIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 695-696).
◄  BAÉTAS
BÆTYLE  ►

BÆTIQUE. Grande partie de l’ancienne Espagne. Bætica. Quelques-uns écrivent Bétique, comme on prononce. Les Romains diviserent l’Espagne en Tarraconoise, en Bætique, & en Lusitanique, ou Lusitanie. La Bætique comprenoit les Bastules, les Turdules, & les Turdetans. Elle étoit séparée de la Tarraconoise par les montagnes d’Idubéda & d’Orospéda, qu’on nomme maintenant la Sierra d’Alcaraz. La Guadiane la séparoit de la Lusitanie, & elle avoit au midi l’Océan, la mer Méditerranée, & le détroit de Gibraltar. Les Turdetans, occupant la plus grande partie de la Bætique, lui donnoient quelquefois le nom de Turdetanie, Turdetania. La Bætique étoit divisée en quatre Juridictions, qu’on nommoit Conventus Juridici, & comprenoit l’Andalousie & le royaume de Grenade. Maty. Aben Joseph, roi de Maroc, dépouilla Alphonse, roi de Castille, de la Bætique, en 1195, & les Maures l’ont possédée jusqu’à Ferdinand & Isabelle. Quelques Auteurs font ce nom adjectif, & disent l’Espagne Bétique. Les laines Bétiques étoient célébres dans l’antiquité. Tertullien dit, de Pallio cap. 3, qu’elles étoient naturellement colorées, parce qu’elles étoient noires.

Ce nom vient de Bætis, nom ancien d’un fleuve qui arrose ce pays, & qu’on appelle aujourd’hui Guadalquivir. Quelques-uns dérivent le nom Bætis, de בת, bath, mot punique ou carthaginois, qui signifie pernoctare, comme en chaldéen. Bochart, dans son Chanaan, Liv. I, chap. 34, prétend qu’il vient de ביצי, autre mot punique, qui signifie marécageux, de בץ, boue, limon, bourbe ; qu’il fut ainsi nommé parce qu’il forme trois lacs, le premier à la source, le second proche de Cordoue, & le troisième vers son embouchure ; que c’est encore pour cela que les habitans, au rapport d’Etienne de Byzance, le nommoient Perca, c’est-à-dire, ברכה qui signifie étang. Le fleuve Bétis coule dans un pays fertile, & sous un ciel doux, qui est toujours serein. Le pays a pris le nom du fleuve, qui se jette dans le grand Océan, assez près des colonnes d’Hercule. Fenel. Telem.