Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVERNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 633).
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AVERNE. s. m. Terme poëtique, qui signifie l’enfer. Avernus.

Mais laissons aux Royaumes sombres
Errer la cohorte des ombres ;
Ne parlons point de Phlégéton,
Ni d’Averne, ni de Pluton. M. le Duc de Nevers,

dans les Divertissemens de Seaux,

Ce mot est tiré d’un lac d’Italie proche de Bayes, & d’un golfe que Strabon appelle Lucrinus lacus : il vient du grec ἄορνος, qui signifie avibus carens. Les Géographes Italiens l’appellent Lagidi Tripergola. Les Anciens croyoient que les vapeurs qui s’élevoient de ce lac, étoient si malignes, qu’elles étoient mortelles aux oiseaux qui passoient dessus ; ce qui, joint à sa profondeur, a donné lieu de croire que c’étoit une entrée de l’enfer. Vibius Sequester dit qu’il étoit d’une profondeur immense, qu’on n’y trouvoit point le fond, immensæ altitudinis, cujus ima pars apprehendi non potest. Lucain, Liv. II. v. 668, fait entendre la même chose, quand il dit qu’une haute montagne y seroit engloutie. ☞ C’est une exagération, puisqu’on a trouvé le fond avec une corde de quarante toises de longueur.