Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AVARICE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 621).
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AVARICE. s. f. Passion d’amasser des richesses  ; trop grand attachement au bien, ☞ passion sordide & jalouse de posséder sans aucun dessein de faire usage. Avaritia. L’amour propre ayant pour objet les richesses, & les désirant avec une passion excessive, s’appelle avarice. Abad. L’avarice contient en soi tous les vices, comme la justice toutes les vertus. Entre toutes les passions, celle qui est la plus ignorée de ceux qui en sont possédés, c’est l’avarice. L’avarice est un effet de l’amour-propre, qui nous fait envisager toutes sortes d’avantages dans la possession des richesses, & nous les fait désirer ardemment. Bayl. Les avares déguisent leur avarice, sous le nom d’économie. Belle. S. Paul, Eph. v. 5, appelle l’avarice, une idolâtrie : parce que l’avare se fait un Dieu de son argent, & que, comme l’idolâtre, il adore l’or & l’argent, l’un en statue, l’autre en monnoie.

L’ambition, l’amour, l’avarice & la haine,
Tiennent comme unt força son esprit à la chaîne.

Boil.

Sans mentir, l’avarice est une étrange rage.Id.

L’avarice bientôt au teint livide & blême,
Sur son coffre de fer va s’asseoir elle-même ;
Pour ne le point ouvrir il abonde en raisons. Ren.

☞ L’amour des richesses n’est vice que par son excès : corrigé par une sage modération, il redeviendroit une affection innocente. Mais l’avarice dit quelque chose de plus qu’amour des richesses.