Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AUTORITÉ

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 667-668).
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AUTORITÉ. s. f. Droit qu’on a de commander, de se faire obéir ; puissance légitime à laquelle on doit être soumis. Dans ce sens le mot d’autorité n’a point de pluriel. Auctoritas. Tout bon chrétien se doit soumettre à l’autorité de l’Eglise, & tout bon sujet à l’autorité royale. Les dérèglemens du peuple viennent de ceux qui les gouvernent : l’autorité de leur personne donne du poids à leurs exemples. Flech. S. Paul recommande aux Evêques de tempérer par la mansuétude, ce que l’autorité a de sévère. Le P. Gail. Le Cardinal de Richelieu avoit affermi la sûreté du peuple, & l’autorité du Roi, par l’abaissement des Grands. Id. Il faut que celui qui règne, ait un air d’empire & d’autorité. La Bruy. La raison de l’homme sujette à mille égaremens, a besoin d’être guidée par l’autorité. Malb.

Autorité, se dit quelquefois de l’usage de ce droit, ou de son usurpation. Un homme n’en peut arrêter un autre de son autorité privée. Il est mal séant de vouloir emporter toutes choses d’autorité absolue. ☞ Vous n’avez agi par autorité, que parce que vous savez qu’il est plus aisé de trouver des esclaves que des raisons. Pasc.

☞ Il se trouve dans le mot d’autorité, dit M. l’Abbé Girard, une énergie propre à faire sentir un droit d’administration civile, ou politique. Il y a dans le mot de pouvoir un rapport particulier à l’exécution subalterne des ordres supérieurs. Le mot de puissance renferme dans sa valeur un droit & une force de domination. Ce sont les lois qui donnent l’autorité ; elle y puise toute sa force. Le pouvoir est communiqué par ceux qui, étant dépositaires des loix, sont chargés de leur exécution ; par conséquent il est subordonné à l’autorité. La puissance vient du contentement des peuples, ou de la force des armes ; elle est légitime ou tyrannique.

☞ On remarque particulièrement dans l’idée d’autorité, quelque chose de juste & de respectable ; dans l’idée de pouvoir, quelque chose de fort & d’agissant ; dans l’idée de puissance, quelque chose de grand & d’élevé.

☞ L’autorité, est relative au droit ; la puissance aux moyens d’en user ; le pouvoir à l’usage.

☞ On est heureux de vivre sous l’autorité d’un Prince qui aime la justice, dont les Ministres ne s’arrogent pas un pouvoir au delà de celui qu’il leur donne, & qui regarde le zèle & l’amour de ses sujets comme les vrais fondemens de sa puissance.

Autorité, relativement à ce qu’on peut sur l’esprit des autres. Cet homme a de l’autorité dans sa compagnie. Voyez au mot Pouvoir, synonyme d’empire & d’autorité.

☞ On dit aussi donner de l’autorité à un mot, l’accréditer, lui donner de la vogue. Donner de l’autorité à une opinion. Il y a des opinions populaires auxquelles on donne trop d’autorité. Port-R.

Autorité, signifie aussi le témoignage d’un Auteur qui a écrit ; ou quelque apophthegme, ou sentence d’une personne illustre qu’on cite, & qu’on allègue dans un discours pour lui servir de preuve, ou d’ornement. En ce sens le mot d’autorité a un pluriel. Voilà bien des autorités. Il est toujours muni d’un grand nombre d’autorités. J’ai cent bonnes autorités pour prouver ce que j’avance. Les textes d’Aristote sont d’une grande autorité dans les collèges. Les paroles qu’on rapporte de Socrate sont d’une grande autorité dans la morale. Les passages de l’Ecriture sont d’une autorité décisive.

Autorité. Terme de Palais. On appelle Autorités, les Ordonnances, les Lois, les Jugemens, & le sentiment des Docteurs, qui servent à approuver & autoriser ce que l’on dit. ☞ A l’égard des Jugemens, leur autorité ne peut servir que de préjugés. Voyez Jurisprudence des Arrêts.

Autorité, s’emploie aussi quelquefois comme synonyme à autorisation. Un mineur, une femme ne peuvent agir que sous l’autorité de son tuteur, ou de son mari.

Autorité paternelle, signifie la puissance que le pere a sur ses enfans, laquelle ne consiste parmi nous, en pays coutumier, que dans le respect & l’obéissance. Voyez Puissance paternelle.

Autorité de tuteur, suivant le droit Romain, est une pure & expresse approbation, que le tuteur, présent en personne, donne de bonne foi, aux actes que son pupille passe avec une autre personne ; & cette approbation doit être donnée lors de la passation de chaque acte, sans pouvoir valablement être interposée devant ni après.

☞ Chez nous, l’autorité des tuteurs, consiste à prendre soin de l’éducation de leurs mineurs, & à faire eux mêmes les actes qui sont nécessaires pour la conservation des biens de ceux dont ils sont les défenseurs. Ainsi les tuteurs ne les font intervenir dans aucuns actes, où ils paroissent seuls, par la raison que ceux qui sont en tutelle, n’étant pas capables d’agir par eux-mêmes, il n’est pas nécessaire de les faire intervenir dans les actes qui les concernent.

☞ Et c’est en quoi, parmi nous, le tuteur diffère du curateur, qui n’agit pas lui seul pour son mineur, mais qui se trouve seulement présent aux actes que le mineur passe, à qui il ne fait que donner son consentement.