Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AUTHENTIQUE ou AUTENTIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 665-666).

AUTHENTIQUE, ou AUTENTIQUE. adj. Solennel, célèbre. Res certæ fidei, certus, authenticus. Les vérités chrétiennes sont fondées sur des témoignages authentiques. Le Parlement a donné un arrêt authentique contre les jeux de hasard. Il y a un passage authentique dans un tel endroit pour confirmer cette proposition.

Ce mot est purement grec, & signifie qui est d’une autorité reçue, qui mérite qu’on y ajoute foi.

Authentique, en termes de Jurisprudence, signifie, revêtu de toutes les formes, & qui est attesté par des personnes publiques ; auquel on ajoute foi en Justice. Il faut prouver ce qu’on allégue en Justice par des pièces authentiques, ou titres originaux. Authenticæ tabulæ. Un acte n’est point authentique & exécutoire, s’il n’est en original, signé & scellé. On a appelé aussi autrefois, personnes authentiques, les Nobles & les premiers de l’État, comme étant gens dignes de foi, & dont l’autorité étoit reçue.

Authentique, se dit particulièrement d’un sceau, d’une Justice subalterne, & d’un Tabellion, pour le distinguer du scel royal. Contrat passé sous le scel authentique, non royal, ne porte point d’hypothèque hors la Juridiction, comme prétendent quelques-uns.

Authentiques, en termes de Droit, est un nom qu’on a donné aux Novelles de Justinien. Authenticæ. On ne sait pas trop pourquoi on les a appelées authentiques ; Alciat prétend que c’est Accurse qui leur a donné ce nom. Comme elles avoient été d’abord composées, & dirigées en grec, elles furent traduites en latin par le Patrice Julien, qui trouvant qu’elles étoient écrites d’un style trop diffus, les abrégea, & en renferma le sens en moins de paroles. Du temps de Bulgarus, l’on en fit une version moins élégante, mais exacte & littérale. Accurse préféra cette traduction qu’il appelle authentique, par préférence à celle de Julien, & comme plus fidèle & plus conforme à l’original. Les Authentiques ou Novelles sont divisées en IX collations ou chapitres.

☞ On s’est quelquefois servi du mot authentique s. f. pour désigner la loi qui condamne une femme convaincue d’adultère à perdre sa dot & ses conventions matrimoniales, à être rasée & enfermée dans un monastère pour deux ans, après lesquels, si son mari ne veut pas l’en tirer, elle est rasée & cloîtrée pour toute sa vie. Voyez Authentiquer une femme.

Rien n’arrête le sexe en son ardeur lubrique,
Il redoute moins Dieu, qu’il ne craint l’authentique.

Boil.

Authentique, pris substantivement, se dit encore pour un acte ou un écrit authentique. Cette relique n’est accompagnée d’aucun authentique, en sorte qu’elle est bien incertaine. Hist. de l’Egl. de Meaux, Tom. I, p. 225. L’authentique de sa châsse porte, &c. Ibid. p. 236.