Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AUMUCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 648-649).
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AUMUCE, plus communément AUMUSSE. s. f. Fourrure que les Chanoines & Chanoinesses portent sur le bras en été, & dont ils se servoient autrefois en hiver pour couvrir leur tête. Pelliceum ac villosum amiculum. Une aumusse de petit gris. L’aumusse a été autrefois non-seulement un habit de Moines, mais encore celui des laïques, tant pour les hommes que pour les femmes.

Pendant plus de mille ans on ne s’est couvert la tête en France que d’aumusses & de chaperons. Le chaperon étoit à la mode dès le temps des Mérovingiens ; on le fourra d’Hermines sous Charlemagne. Le siècle d’après on en fit tout-à-fait de peaux : ces derniers s’appeloient Aumusses : ceux qui étoient d’étoffe retinrent le nom de chaperons. Les Aumusses étoient moins communes ; on commença sous Charles V à abattre sur les épaules l’aumusse & le chaperon, & à se couvrir d’un bonnet. Le Gendre. Dans un Registre de la Chambre des Comptes, on trouve un article de trente six tous employés pour fourrer l’aumusse du Roi. La Couronne se mettois sur l’aumusse, comme dit Du Cange, qui dérive ce mot de amicula. C’étoit, selon Festus & Isidore, une coiffure, ou chaperon de femme faite de peau, ou de fourrure. Il ajoute qu’on dit aussi Almucia, & almucium.

L’aumusse que portent les Chanoines n’étoit d’abord qu’un bonnet de peau d’agneau avec le poil, & la chape se portoit par-dessus. On fit descendre ensuite ce bonnet sur les épaules, & enfin jusque sur les reins ; mais comme la chape & cette peau, qui envelopposent encore tout le corps, étoient très-incommodes pendant les chaleurs de l’été, on quitta premièrement la chape, & on ne laissa que cette peau, à laquelle on donna le nom d’aumusse. Comme cette aumusse qui couvroit la tête & les épaules, &d escendoit jusqu’aux reins, étoit encore un habillement peu propre pour l’été, il y eut des Chanoines qui la mirent en travers sur les deux épaules, comme la portent en été les Chanoines Réguliers de S. Victor, ceux de Sainte Croix de Conimbre, & quelques autres. Ceux de Marbac la portent aussi sur les épaules, mais elle descend en pointe par derrière, un peu plus bas que la ceinture, & est attachée par-devant avec un ruban bleu. D’autres l’ont portée sur l’épaule gauche, en forme de chaperon de Docteur, comme les Chanoines Réguliers de sa Cathédrale d’Uzès ; & plusieurs Cathédrales ont retenu l’ancienne coutume de la porter sur les épaules en forme de manteau, principalement les Chanoines de l’Eglise de Lyon. Enfin il y en a grand nombre qui ont trouvé trop incommode encore de la porter sur les épaules, ils l’ont fait descendre sur le bras gauche, où elle est restée plus communément. P. Hélyot, T. II, p. 23.

Sévert, dans son Histoire des Archevêques de Lyon, p. 252, prétend que ce mot est fait par corruption de ceux-ci, hautement mise, parce que l’aumusse se portoit sur la tête & les épaules. D’autres tirent ce mot du nom latin, amicium, dérivé du verbe amicire, vêtir, parce que l’aumusse couvroit la tête & les épaules. Quelques-uns enfin disent qu’il vient du vieux allemand, Hoost mutsen, qui veut dire un bonnet. La seconde étymologie paroît la plus vraie ; car c’est ainsi que du verbe amicire vient amictus, l’amict que les Prêtres mettent sur la tête & sur les épaules, comme autrefois l’aumusse.