Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ATTENDRIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 605-606).
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ATTENDRIR. v. a. Rendre tendre, & facile à manger. Emollire, mollire. On dit que le figuier attendrit la viande qui y est pendue. Les premières gelées attendrissent le raisin.

Ce mot vient du latin tener, du grec τένηρ.

Attendrir, se dit figurément pour rendre sensible à la compassion, à l’amitié, &c. Movere, commevere, permovere. Les mouvemens oratoires attendrissent le cœur des Juges, les excitent à la pitié. Selon les Stoïciens, une grande ame doit être trop au-dessus des disgraces humaines, pour se laisser attendrir par les foibles sentimens de la pitié. On est plus occupé aux pièces de Corneille ; plus ébranlé, & plus attendri à celles de Racine. La Bruy.

Ne vous souvient-il point, en quittant vos beaux yeux,
Quelle vive douleur attendrit mes adieux ? Rac.

☞ Il est aussi réciproque tant au propre qu’au figuré. Au propre on dit que la viande s’attendrit quand on la laisse mortifier ; que les choux s’attendrissent à la gelée. Mollescere, tenerascere, ou tenerescere. Au figuré. Une maîtresse s’attendrit en voyant couler les pleurs de son amant. Vous avez un cœur qui s’attendrit trop aisément. S. Evr. Il est aussi naturel de s’attendrir sur le pitoyable, que d’éclater sur le ridicule, La Bruy. Moveri, commoveri.

N’accoutumez point votre cœur
Séduit par la vertu de l’objet qui le tente,
A l’attendrir par la douceur
Même d’une amitié qui peut être innocente.

Pavill.

ATTENDRI, IE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.