Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ATTELER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 604).
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ATTELER. v. a. Attacher des chevaux, ou autres bêtes de voiture à quelque machine roulante sur des roues, pour la tirer. Equos ad rhedam, ad currum jungere. L’art d’atteler les chevaux a été introduit dans la Grèce, vers le temps de Bellerophon, qui, suivant le calcul du P. Petau, vivoit 13 ou 14 cens ans avant Jésus-Christ. Selon l’opinion la plus commune, Erichthenius, ou Erechthée, Roi d’Athènes, en fut l’inventeur. On ne les atteloit point à la queue les uns des autres, mais de front. Journ. des Sav. Fév. 1734. Atteler des chevaux à une charrue, à un chariot. Les Poëtes feignent que le chariot de Junon étoit attelé de deux paons ; celui de Vénus de deux pigeons. Les Heures attélent les chevaux du Soleil. Ablanc. ☞ Par la loi de Moyse, il étoit défendu d’atteler le bœuf avec l’âne. On peut dire, atteler les chevaux au carrosse ; mais l’usage le plus ordinaire est pour mettre les chevaux au carrosse.

☞ On dit aussi, atteler un carrosse, un chariot ; les chariots étoient attelés de quatre chevaux de front. Vaug.

Il attèle son char, & montant fièrement,
Lui fait fendre les flots de l’humide élément. Boil.

Ménage dérive ce mot de attelare.

Atteler, se dit aussi figurément des Porteurs de chaise, qui sont comme attachés à la chaise qu’ils portent : au moins un très habile Académicien s’en est-il servi dans ce sens. On n’avoit pas encore imaginé d’atteler des hommes à une litière. La Bruy.

M. l’Abbé Regnier l’a dit aussi en choses morales, dans la pièce qu’il a intitulée l’Attelage.

La route de la vie humaine
De mauvais pas est toute pleine.
Pour m’en tirer facilement,
Voici ce que je fais : j’attèle
A cette voiture mortelle
Que je conduis au monument,
La justice premièrement,
Qui marche toujours rondement,
Et la charité sans laquelle
Elle iroit moins légèrement, &c.

ATTELÉ, ÉE. part. Ad rhedam, currum, junctus. ☞ Chevaux attelés. Carrosse attelé de quatre, de six chevaux, bien, mal attelé.