Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ATOUT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 599).
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ATOUT. Façon de parler adverbiale, qui se dit à certains jeux de cartes de la couleur dont est la triomphe. Jouer atout. Ce mot devient s. m. quand on en fait un seul mot. Un atout. Carte qui emporte toutes les autres, ou plutôt, qui se peut jouer contre quelqu’autre carte que ce soit. Ce sont celles qui sont de même espèce que celles de quoi il tourne : par exemple, s’il tourne de pique, tous les piques sont des atous. Les règles du jeu veulent que quand celui qui joue le premier a joué une carte d’une espèce, par exemple un cœur, on joue contre cette carte une autre carte de même espèce, si l’on en a, c’est-à dire, un autre cœur, à moins qu’on ne lui oppose un atout, c’est à-dire, une qui sert de la même espèce que celle dont il tourne ; car celles-là sont privilégiées : on peut les jouer contre toutes les autres espèces, elles les emportent, & ne cèdent qu’à celles qui sont de leur même espèce, & plus considérables ; par exemple, le plus bas pique, s’il en tourne, l’emportera sur les rois même de toutes les autres sortes, de cœur, de trèfle, de carreau. C’est donc pour cela, parce qu’elles vont à tout, qu’on les joue à tout ; c’est à-dire, non-seulement contre celles de leur espèce, mais encore contre toutes les autres, c’est pour cela, dis je, qu’on les nomme atout. Ce mot ne devroit pas avoir de pluriel, cependant, à en juger par la prononciation qui alonge la dernière syllabe, quand on parle de plusieurs de ces sortes de cartes, il semble que l’usage lui en donne un, & que l’on dise ; j’ai perdu tous mes atous : tous mes atous s’en sont allés.

A-Tout. Vieille préposition. Avec. Cum. L’Empereur de Perse se combattra à toi à tout trois cens mille Chevaliers & hommes d’armes & plus. Joinville.