Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASTAROTH, ou ASTHORETH

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 578).

ASTAROTH, ou ASTHORETH. s. f. Astaroth. C’est le nom d’une idole des Sidoniens, IV. Reg. XXIII. 13. Ramoth, que Salomon Roi d’Israël bâtir à Astaroth, idole des Sidoniens. C’étoit aussi une déesse des Philistins, selon Josephe, Ant. Liv. VI, ch. 14. Il est des Auteurs qui croient que c’étoit la déesse du ciel, Uranie. Ils ajoutent qu’elle fut encore honorée des Païens sous différens noms, comme Ammonia, Ἀστρίαρχα, ou Reine des Planètes. D’autres disent que c’est Junon. עשתר, & עשתרה, Astar, & Astera, signifie en hébreu un troupeau, & il se dit des brebis. C’est de-là, selon Kimhhi, que vient le nom de cette déesse, & il lui fut donné, parce que ses images avoient la figure d’une brebis. D’autres présentent qu’il lui fut donné, parce qu’elle étoit la déesse des pasteurs & des brebis. Scaliger croit, dans les Conjectanea, qu’elle fut ainsi nommée à cause de la multitude de victimes qu’on lui immoloit. Philastrius a inventé un Astar, qu’il fait Roi des Syriens, ou des Egyptiens, & il leur donne pour Reine Astaroth. Jean Selden, dans son livre des Dieux Syriens, Syntagm. II, c. 2, p. 232 & suiv. prétend que le mot Astaroth a été fait de celui de עשרה, qui signifie bois, & que les Septante traduisent ἄλσος, & la Vulgate lucus, & qui sont, selon les interprètes, de petits bois ou des bosquets dans lesquels on mettoit des idoles, & où on les adoroit. Il veut, lui, que dans les endroits où l’on donne ce sens, il faille entreprendre par עשרה, non pas un bosquet, mais une statue de bois. Il tâche de le prouver par quelques endroits de l’Ecriture, & sur tout, IV. Reg. XXI. 7, où il est dit que Manassé mit dans le temple Phesel Haasera, une statue de bois, & Jud. VI, 25, 28 où il est dit que Gédéon abattit l’autel de Baal, & qu’il coupa osera, le bois qui étoit dessus, c’est-à-dire, selon Selden, la statue de bois qui étoit sur cet autel, & que cette déesse fut ainsi appelée de ses statues, qui étoient de bois. Mais ce sentiment n’est pas probable ; & il est trop contraire à nos anciens Traducteurs grecs & latins. Car ἄλση, & luci, nemus, ne sont point assurément des statues de bois, mais des bois, des plants d’arbres, des bosquets. Dans le premier endroit de l’Ecriture, Selden convient lui-même qu’on peut entendre la statue du bois, c’est-à dire, que Manassé mit dans le temple une statue, ou idole, qui étoit auparavant dans un bois, ou une statue des bois, c’est-à-dire, semblable à celle que l’on mettoit dans les bois. Pour l’autre endroit, le mot de succidit, il coupa, montre qu’il s’agit d’un bosquet, & non pas d’une statue, & l’Ecriture ne dit pas qu’il fût sur l’autel, comme traduit Selden, mais qu’il étoit autour de l’autel, comme ont interprété les Septante & la Vulgate. De plus, pourquoi Astaroth eût-elle été appelée de ce nom plutôt qu’une autre Divinité ? Etoit-elle la seule dont les statues fussent de bois ? Baal ou Belus, n’en avoit-il pas aussi de bois ? C’est de lui dont il s’agit, dans le second endroit de l’Ecriture dont je viens de parler, Jud. VI. 25. En hébreu, Astoreth est le singulier, & Astaroth le pluriel, comme Baal & Baalim. Si vous revenez au Seigneur de tout votre cœur, ôtez du milieu de vos Dieux étrangers Baal & Astaroth. Saci. Il y a Baalim dans l’hébreu. Les Septante traduisent Ἀστάρτη, & au pluriel Ἀστάρται ; mais la Vulgate traduit Astarte, & Astaroth. Voyez Astarte, & Godwin dans Moyses and. Aaron, Lib. IV, c. 6. & Selden que j’ai cité.

Astaroth, se prend quelquefois pour le nom d’un Démon.

C’est donc bien vainement que nos Auteurs deçus,
Bannissant de leurs vers ces ornemens reçus,
Pensant faire agir Dieu, ses Saints & ses Prophètes,
Comme ces Dieux éclos du cerveau des Poëtes,
Mettent à chaque pas le lecteur en enfer,

N’offrent rien qu’Astaroth, Belsebuth, Lucifer.
Boil.

Astaroth. Astaroth. C’est encore le nom d’une ville du royaume de Basan, qui s’appela aussi Bosram, & étoit à l’orient du Jourdain, dans la demi-Tribu de Manassé, qui s’établit de ce côté-là. Ce fut une ville de refuge & lévitique.