Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASSEZ

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 567).
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☞ ASSEZ. adv. Satis. Autant qu’il faut. Assez a beaucoup de rapport à la quantité qu’on veut avoir ; & suffisamment en a plus à la quantité qu’on veut employer.

☞ L’avare n’en a jamais assez, il accumule & souhaite sans cesse ; le prodigue n’en a jamais suffisamment.

☞ A l’égard des doses & de tout ce qui se consume, assez paroît marquer plus de quantité que suffisamment ; car il semble que quand il y en a assez, ce qui seroit de plus, seroit de trop ; mais que quand il y en suffisamment ce qui seroit de plus n’y seroit que l’abondance sans y être de trop. On dit d’un revenu médiocre qu’on en a suffisamment, mais on ne dit guère qu’on en a assez.

☞ Il y a dans la signification d’assez plus de généralité que dans celle du mot suffisamment. Ce qui donnant au premier de ces deux un service plus étendu, en rend l’usage plus commun. Au lieu que suffisamment renferme dans son idée un rapport à l’emploi des choses, qui lui donnant un caractère plus particulier, en borne l’usage à un plus petit nombre d’occasions. Syn. Fran.

☞ C’est assez d’une heure à table pour prendre suffisamment de nourriture ; mais ce n’est pas assez pour ceux qui en font leurs délices. L’Économe sait en trouver assez où il y en a peu. Le dissipateur n’en peut avoir suffisamment où il y en a même beaucoup.

On dit, cela est assez bien, ou assez mal, pour louer & blâmer sobrement.

On dit aussi en Poësie, assez & trop long-temps.

Assez, & trop long-temps, ma lâche complaisance
De vos yeux criminels a nourri l’insolence. Boil.

On dit aussi, c’est assez ; pour dire, n’en dites pas davantage ; cela suffit.

On dit, assez peu, & assez souvent ; pour dire, simplement, peu & souvent. C’est un homme d’assez peu d’esprit. On se trouve assez souvent embarrassé à choisir. Acad. Fr.