Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASSENER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 565).
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ASSENER. v. a. Porter un coup justement où l’on a dessein de frapper. Certo ictu destinatam corporis partem petere. Il a bien assené son coup sur la tête où il visoit. Il ne se dit point des armes à feu, ni de l’artillerie. Ménage dérive ce mot de assignare, c’est-à-dire, ferire signum.

Je voudrois à plaisir sur ce mufle assener

Le plus grand coup de poing qui se puise donner.
Mol.

☞ Joachim Du Bellay parle d’Assener comme d’un mot qui avoit été, & qui n’étoit plus en usage de son temps. Assener, dit-il, pour frapper où on visoit, & proprement d’un coup de main, est un de ces bons mots que nous avons perdus par notre négligence. Cela pouvoit être vrai du temps de Du Bellay ; mais j’ai vû ce terme employé par de bons écrivains, & je ne ferois pas difficulté de m’en servir aujourd’hui. Multa renascentur quæ jam cecidere.

Dans les vieilles Coutumes, on disoit un douaire assené, ou titre d’assenement, lorsqu’un père avoit assigné quelques biens ou héritages à ses filles, ou à ses enfans puînés pour les avantager.

ASSENÉ, ÉE. part.

☞ Dans le grand Vocabulaire, qui a copié le Dict. de l’Acad. Fr. assener, c’est porter un coup violent, frapper rudement. Ce mot paroit renfermer deux idées, porter un coup surement & fortement. Il semble que c’est dans ce sens qu’on le prend ordinairement. C’est d’ailleurs la signification primitive, comme on peut le voir par le témoignage de Du Bellay.