Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ASPERGE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 555).
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ASPERGE. s. f. Asparagus. Plante qu’on cultive dans les jardins, quoiqu’on en trouve dans la campagne, où leurs pousses sont bien plus maigres & d’un goût sauvage. Ses racines sont composées de plusieurs filamens longs, gros comme de la ficelle, & ramassés ensemble en un collet considérable, fort dur, & d’où naissent plusieurs tiges, que nous appelons asperges, & que l’on mange avant qu’elles poussent leurs feuilles. Ces tiges deviennent ensuite branchues, hautes de trois pieds, & garnies de petites feuilles courtes, très-étroites, & comme capillaires, longues d’un demi-pouce. Ses fleurs naissent çà & là le long des branches. Elles sont blanchâtres, à six pétales. A ces fleurs succédent des baies rondes, rouges, grosses comme des pois, & qui renferment quelques semences dures comme de la corne. On croyoit que l’asperge sauvage & l’asperge du bord de la mer, étoient de simples variétés de l’asperge cultivée ; mais leur culture a fait voir qu’elles étoient des espèces différentes, qui ne dégénèrent jamais en l’une ou en l’autre.

On mange les asperges différemment apprêtées, tantôt à la sausse blanche, tantôt à la vinaigrette ou bien en guise de petits pois. Cette dernière manière se pratique, sur tout pour les asperges menues. On emploie en Médecine les racines & les baies de l’asperge. Ses racines sont très apéritives, diurétiques ; mais à la longue elles deviennent dégoûtantes dans les bouillons & dans les tisannes, à cause de leur odeur & de leur goût, outre que l’urine en devient préssqe toujours puante. Ses baies sont très-adoucissantes, & provoquent doucement les urines. L’industrie du jardinier peut faire venir des asperges en hiver, par le moyen des rechauffemens du fumier de cheval nouveau fait. La Quint. Les asperges, pour être bonnes, doivent être vertes, grosses, tendres, & cultivées dans les jardins.

Le nom d’asperge, vient du latin asparagus, formé du mot grec ἀσπάραγος. Selon Galien, Liv. II des Alimens, les Grecs appeloient ἀσπάραγος, toute sorte de jet tendre. C’est de-là que les asperges, qui ne sont autre chose que des jets tendres, ont pris leur nom.