Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARUSPICE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 545).
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ARUSPICE. s. m. Sacrificateur Romain, qui prédisoit l’avenir, en examinant la qualité & le mouvement des entrailles des bêtes sacrifiées. Aruspex. La superstition des Païens a été jusqu’au point d’ajouter foi aux Augures & aux Aruspices. Annibal reprochoit au Roi Prusias, qu’on consultoit plutôt les entrailles d’un veau pour donner une bataille, que les plus expérimentés capitaines. L’Empereur Claude travailla à conserver la vaine science des Aruspices, de peur qu’elle ne s’abolît tout-à-fait, parce que, disoit-il, les superstitions étrangères le fortifioient tous les jours. C’est ce que lui faisoit peut-être dire le progrès de la Religion chrétionne » que S. Pierre étoit venu pour prêcher dès l’an 42 de Jésus-Christ, selon Eusèbe. Tillem.

Ce mot vient d’haruga, qui signifioit les entrailles des victimes, &, aspicere, regarder, considérer. D’autres soutiennent que ce mot vient de ce que les Aruspices examinoient les entrailles des victimes, pour en tirer leurs prédictions, ad aras, près des autels. Le P. Pezron, Ant. des Celt. prétend que ce mot vient des Celtes ; qui disent, Au, ou Asu, pour signifier jecur, ou hepar ; c’est-à-dire, le foie des animaux. Or, de au, dit-il, & de spicio, qui signifie regarder, on a formé d’abord auspex, pour marquer celui qui regarde & consulte les lobes du foie ; & comme ce mot étoit trop dur à prononcer, on a enfin dit Aruspex ; mais ce qui confirme cela, c’est que la plus célèbre & plus ancienne divination des Augures se faisoit par l’inspection du foie des animaux.