Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARMURE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 514).
◄  ARMOYÉ
ARMURIER  ►

☞ ARMURE. s. f. Armatura. Armes défensives qui couvrent & joignent quelque partie du corps : ce qui sert à défendre des atteintes ou des effets du coup. Ce mot se dit seulement dans le détail, en nommant quelque partie du corps ; armure de tête, armure de cuisse, &c. mais on ne dit pas en général les armures. On se sert alors du mot armes. Le casque est une armure de tête. Le brassard est l’armure du bras. Le cuissart, l’armure de la cuisse. Le gantelet, de la main. La cuirasse, l’armure du devant & du derrière du corps, depuis la ceinture jusqu’aux épaules. La côte-de mailles, l’armure de tout le tronc. Ce qu’il y a de plus beau dans Don Quichote, n’est pas de le voir revêtu de ses armes combattre contre des moulins à vent, & prendre un bassin à barbe pour une armure de tête.

On le dit aussi des armes défensives, des animaux. Les écailles servent d’armure aux crocodiles.

Armure, se dit aussi en parlant de la pierre d’aiman, de deux morceaux de fer qu’on met aux poles de cette pierre, & qu’on lie bien ferme avec une petite ceinture de métal. Cette armure augmente considérablement la vertu de l’aiman.

Armure, se dit d’un carrelet à pêcher, composé de la perche & de la gaule, qu’on appelle en larmes, & qui le tiennent tendu.

Armure, dans les manufactures de soie, se dit après que le métier est monté, de l’ordre dans lequel on fait mouvoir les lisses, tant de chaîne que de poil, pour la fabrication de l’étoffe,

Armure, se dit aussi en Serrurerie de la ferrure qu’on met à une poutre ou autre machine nécessaire pour sa conservation, ou pour en augmenter la force.

Armure, se dit encore figurément de tout ce qui sert à nous fortifier, & à nous défendre contre les tentations, les misères & les chagrins de cette vie. C’est en ce sens que l’Ecriture-Sainte parle de l’armure de Dieu, par le moyen de laquelle on peut résister aux mauvais jours. La patience est une armure impénétrable. Maug.