Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARMORIQUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 514).
◄  ARMORIER
ARMORISTE  ►

ARMORIQUE. s. m. & f. Aremoricus, ou armoricus. Ancien peuple des Gaules qui habitoit l’Armorique. César fait mention des villes ou cités Armoriques. P. Crassus, un des lieutenans de César, avoit fournis les Armoriques ; c’est-à-dire, les peuples qui ont depuis composé les provinces ecclésiastiques de Rouen & de Tours. Cordem. Clovis soumit le royaume des Bretons avec plusieurs villes Armoriques, comme Rouen & Coutances. Id. Le P. Lobineau prétend que les Arboriques de Procope sont les Armoriques. Voyez Arborique. Et ci-dessus Armoricain.

Armorique. Armorica, aremorica. Ancienne contrée des Gaules. Pendant plus de 800 ans on a compris sous ce nom tout ce qui étoit entre la Seine à l’orient, la Loire au midi, l’Océan au nord & au couchant ; c’est-à dire, ce que l’on a appelé la seconde & la troisième Lyonnoise, ou ce que nous appelons aujourd’hui la Bretagne, la plus grande partie de la Normandie, le Maine, le Perche, & la partie septentrionale de l’Anjou & de la Touraine. L’Auteur de la vie de S. Paterne, dit que ce Saint étoit originaire de l’Armorique, étant de la ville de Coutances. Armoricanâ regione civitate Constantia oriundus. On appelle Armorique toute la côte des Gaules depuis les Pyrénées jusqu’au Rhin. Borel. Ménage, orig. Voyez Aquitaine ci-dessus.

Ce nom est celtique & bas-breton, & signifie un pays maritime ; car en breton, ou celtique, Ar signifie super, sur ; & mor veut dire mare, mer ; sur la mer, sur le bord de la mer, sur la côte. César a remarqué, Lib. VII de Bello Gall. c. 14, que les Gaulois appeloient Armoriques toutes les villes situées sur l’Océan. C’est pour cela que Pline, Liv. IV, ch. 17, dit que l’Aquitaine a aussi été appelée Armorique, comme nous l’avons remarqué sur le mot Aquitaine. Les Belges appeloient les Armoriques, Transsequani, les peuples situés au-delà de la Seine. Cénalis dis que les habitans de l’Armorique appeloient autrefois leur pays Lhidaw-Letavia, c’est-a-dire, littoralis, pays situé sur la côte. Aujourd’hui ils l’appellent Breis. Si l’on en croit d’Argentré, Ar, & mor, sont encore en usage en bas-breton. Le nom de Bretagne ne lui a été donné que depuis la fin du IVe siècle.