Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARIADNÉES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 497).

ARIADNÉES. s. f. pl. Ἀριαδνέια. Double fête célébrée dans l’Île de Naxos en l’honneur des deux femmes, toutes deux nommées Ariadne. L’une passoit pour être gaie & enjouée d’où vient que dans les solennités dont elle étoit l’objet, on mettoit en usage la musique, & tout ce qui peut inspirer la joie. L’autre au contraire passoit pour triste & chagrine : c’étoit la fille de Minos, Roi de Crète, que le perfide Thésée avoit abandonnée sur le rivage dans l’île de Naxos, où Bacchus l’épousa. L’appareil de cette seconde fête n’inspiroit que la tristeste & le deuil. Pour conserver la mémoire de la douleur qu’avoit ressentie Ariadne prête d’accoucher, lorsque Thésée se sépara d’elle, un jeune homme couché imitoit les cris d’une femme en travail, & feignoit d’en éprouver les douleurs. On dit que ce fut Thésée qui institua cette ridicule coutume, comme une satisfaction due à sa maîtresse après son infidélité. Plutarque, in Thes.