Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/AREC, ARÉCA, ou FAUFEL

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 485).
ARECIUM  ►

AREC, ARÉCA, ou FAUFEL. s. m. Palma arecifera. C’est une espèce de palmier commun dans les Indes Orientales. Il ressemble au palmier cocotier, & s’élève de même fort haut. Ses feuilles font néanmoins plus étroites ; d’entre ses feuilles sort une masse longue & qui termine sa tige. Les gaines qui renferment les fleurs & les fruits sont faites en forme de nacelle, & naissent des aisselles des feuilles. Lorsque ces gaines sont parvenues à un certain degré de maturiré, elles s’ouvrent, & laissent appercevoir dans leur intérieur un balai dont la plupart des brins, sur-tout ceux du milieu, sont chargés de jeunes fruits : ceux d’à-côté qui sont les plus grêles, sont garnis de deux rangs de fleurs qui ressemblent à des épis. Chaque fleur est composée de trois petits pétales blanchâtres, anguleux, pointus, & de dix étamines jaunes. Trois filets d’un jaune plus pâle forment le pistil. Le fruit jeune est oblong, anguleux blanchâtre & luisant ; il devient ensuite jaunâtre ; & lorsqu’il a acquis une certaine maturité, il n’est plus si anguleux, ni si pointu à son extrémité. Son écorce devient ferme, ferrée & épaisse ; sa pulpe est d’un roux tirant fur le rouge, tendre & astringente au goût ; son amande est blanche. C’est dans cet état qu’on la mange avec des feuilles de bétel ; car pour lors il est plus plein de jus, & il teint en rouge la bouche & la salive. Rien n’est plus ordinaire dans les Indes, que de mâcher de l’aréca & du bétel. Les Indiens croient que cette feuille & ce fruit mêlés ensemble empêchent la puanteur de la bouche : quelquefois ils frottent les feuilles de bétel avec la chaux des coquilles. Ils composent aussi des pastilles avec la noix d’aréca, le suc de cate, le camphre, le bois d’aloès & l’ambre. Il y a beaucoup d’apparence que ce que nous nommons cachou, catechu, terra Japonica, est une préparation ou un mélange de noix d’aréca, du suc de cate, ou lycium Indicum, avec quelque chaux de coquille. Ce mélange cuit en morceaux de différente figure & grosseur, nous est apporté des Indes Orientales. On s’en sert en Europe pour arrêter les diarrhées, les vomissemens, pour empêcher les progrès des fluxions commençantes. Voyez Acosta. Il y a dans l’Hortus Malabaricus, vol. I, une bonne figure de l’aréca sous le nom de Caunga.