Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARCHIPÉRACITE, ou ARCHIPHÉRACITE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 477).
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ARCHIPÉRACITE, ou ARCHIPHÉRACITE. s. m. Archiperacita, Archipheracita, Scripturæ Explanator. C’est le nom d’un Officier dans les Académies des Juifs. L’Archiphéracite n’étoit pas le même que le chef de la synagogue appelé Archisynagogus, comme l’a écrit Grotius, & comme le disent quelques Dictionnaires qui l’ont copié : il étoit le premier ou le chef de ceux qui avoient la charge de lire & d’expliquer, de professer dans les écoles. C’est de-là que vient le nom d’Archiphéracite, composé du mot grec ἀρχή, qui marque le chef, & du mot hébreu ou chaldéen פרק, phérak, qui entre autres significations a celle de diviser, partager ; d’où se forme פרק, pherek, qui signifie une division, partage, chapitre d’un livre. Il a celle de résoudre, dans le sens que nous disons résoudre une difficulté. De ces significations, le nom פרק, pherek, a pris celle de résolution, dans le sens que nous disons résolution d’une difficulté, résolution d’un cas de conscience, celle de Doctrine, l’action d’enseigner, de professer, ou comme l’on dit en quelques corps, de lire dans une école publique. Ainsi le Pirke aboth, & les Pirke de R. Eliézer, ne sont point les lectures & les explications que les anciens Docteurs ou R. Eliézer, ont faites de l’écriture dans les synagogues, mais leur Doctrine, leurs résolutions, leurs décisions, les enseignemens qu’ils ont donnés à leurs disciples. De ce mot pris en ce sens, s’est fait par les Juifs Hellénistes, & dans une forme grecque, celui de Pheracita, Phéracite ; c’est-à-dire, celui qui enseigne dans une école publique ; un Professeur, & comme quelques communautés disent, un Lecteur. Ainsi l’archiphéracite, étoit le chef des Professeurs dans les écoles ou académies des Juifs. Je ne trouve point qu’on l’ait dit par rapport aux synagogues. A la vérité, les Juifs appellent פרק, pherek, ce que nous appelons verset de l’Ecriture ; mais ils n’appellent pas pour cela la lecture, ou l’explication de l’Ecriture, pherek ; ils se servent du mot קריאת, Keriath, pour exprimer la lecture de l’Ecriture, & פירוש, perusch, ou דרש, derasch, pour en signifier l’explication.