Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARCHIMANDRITE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 476).

ARCHIMANDRITE. Archimandrita. Mot grec, qui signifie, Supérieur d’un monastère, & ce que nous appelons Abbé. Covarruvias, dans son Dictionnaire Espagnol, dit qu’Archimandrite est la même chose que Chef du troupeau : ensorte que selon cette signification générale, il pourroit s’étendre à tous les supérieurs ecclésiastiques. Et en effet, on a donné quelquefois ce nom à des Archevêques, même chez les Latins. On le trouve en ce sens dans la vie de S. Sévère Evêque de Ravenne. Voyez Acta Sanct. Febr. T. I, p. 84 & 85. Mais il ne signifie proprement chez les Grecs, où il est fort commun, que le chef d’une Abbaye. Macri a remarqué dans son Hierolexicon, que cette dignité se conserve encore aujourd’hui à Messine dans une église de chanoines, où il y avoit auparavant des moines Grecs de l’ordre de S. Basile, & qui a été érigée en commande par les Rois d’Espagne. Quoique ce mot soit Grec, M. Simon, dans ses notes sur le voyage du Mont-Liban, p.319, croit qu’il vient originairement de la langue syriaque, au moins pour ce qui est de mandrite. Il prétend que Mandra, qui signifie dans le grec une étable, ou lieu où l’on enferme des bêtes, & par métaphore un monastère, tire son origine de dour, qui signifie en chaldéen & en syriac, demeurer, habiter ; d’où l’on a fait médar, demeure, habitation ; & c’est de-là que les Grecs ont formé leur mandra, qui signifie métaphoriquement un monastère, & mandrites dans la même langue signifie, selon la même méthaphore, un moine. Les Arabes se servent aussi de ce mot, qu’ils ont pris des Syriens ; ensorte que mandrite n’est autre chose chez ces nations, qu’un solitaire qui demeure dans sa petite cellule ; & celui qui étoit le chef de ces moines, prenoit la qualité d’Archimandrite, c’est-à-dire, de chef & de maître des solitaires. On a dit aussi en grec Ἀρχιμανδρῖτις, d’où l’on a formé Archimandritissa, comme de Abbas on a fait Abbatissa, Abbesse.