Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARBORER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 460).
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☞ ARBORER. v. a. Planter quelque chose haut & droit à la manière des arbres. Figere, defigere. Arborer les enseignes. Arborer la croix. Arborer les drapeaux sur la brèche. Il a arboré l’étendard de la Croix dans les pays infidèles. Ils arborèrent l’étendard de France, & implorèrent le secours du Roi. Hist. de Louis XIV.

Pasquier dit que c’est l’Amiral de Châtillon qui a le premier introduit cette façon de parler, lorsqu’il exerçoit la charge de Colonel de l’infanterie. ☞ Corneille dans le Cid, a dit arborer des Lauriers. Ce n’est pas, dit M. de Voltaire, les mettre en terre pour les faire croître, les planter : mais comme on coupoit des branches de laurier, en l’honneur des vainqueurs, c’étoit les arborer, que de les porter en triomphe, les montrer de loin, comme si c’étoient des arbres véritables. Ces figures ne sont-elles pas permises dans la poësie ? Corneille avoit été repris par Scudery & par MM. de l’Académie, avec raison, dit Ménage : car on ne dit point arborer un arbre : le mot d’arborer ne se prenant que pour les choses que l’on plante figurément en façon d’arbres, comme arborer un étendard.

On dit aussi en termes de Marine, arborer le pavillon ; pour dire, montrer & déployer le pavillon, ensorte qu’il puisse voltiger au gré du vent. Arborer le pavillon de France.

Arborer, signifie aussi, dresser, élever un mât. Malum erigere. Et au contraire, désarborer, c’est l’abattre & le couper. Le mât de hune est arboré sur le grand mât.

Arborer, se dit aussi au figuré, pour se déclarer ouvertement pour quelque parti. Il a arboré le Quiétisme. Il a arboré l’impiété. Profiteri.

ARBORÉ, ÉE. parr. Fixus, defixus, erectus. Ces mots viennent du latin arbor.