Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARARAT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 456-457).
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ARARAT. Pays que les Septante & la Vulgate prennent pour l’Arménie, & avec raison. Ararat. S. Jérôme rend le mot hébreu Ararat, Gen. VIII. 4. par Armenia, & les Septante ont mis Ἀραρὰτ, de même que S. Jérôme a mis Ararat en Isaïe Chap. XXXVII. v. 38 où les Septante ont traduit Ἀρμένιαν.

Ararat. Montagne proche la ville d’Erivan ; c’est la plus haute, dit-on, de cette contrée, excédant la hauteur du Caucase & du Taurus. C’est sur son sommet que l’Arche de Noé s’arrêta, lorsque les eaux du déluge commencerent à se retirer. S. Jérôme, dans ses Commentaires sur Isaïe, prétend que le pays d’Ararat est une campagne très-fertile, arrosée de l’Araxe, & que l’Arche de Noé ne s’arrêta pas sur des montagnes d’Arménie, qui furent appelées Ararat ; mais sur les hautes cimes du mont Taurus, qui dominent sur les campagnes du pays Ararat. Voyez aussi les Notes du P. Lubin sur le Martyrologe. Au reste, il faut écrire Ararat sans H à la fin. C’est un ט en hébreu. Un jour qu’il étoit (Sennachérib) au temple de Nesroch son Dieu, & qu’il l’adoroit, Adtamelech & Sarafar ses enfans le percerent de leurs épées, & s’enfuirent à la terre d’Ararat. Saci. Jean Struis Hollandois a fait une relation du mont Ararat. Il dit qu’étant esclave à Erivan, il monta jusqu’au haut en 1670, pour donner quelques remèdes à un hermite italien qui y demeuroit, & qui étoit malade. Il fut sept jours à monter, faisant cinq lieues par jour. Quand il fut à la région de l’air où se forment les pluies, les nuages & les neiges, il pensa mourir de froid ; en avançant il trouva un air beaucoup plus tempéré. L’hermite malade l’assura que depuis vingt ans qu’il étoit là, il n’avoit senti ni chaleur, ni froid, ni vent, ni vu tomber de pluie. Il voulut lui persuader que l’Arche de Noé étoit encore toute entière sur cette montagne, que la température de l’air l’avoit conservée jusqu’ici ; qu’il étoit entré dedans : il lui fit même présent d’une croix de bois, qu’il lui dit être faite d’un morceau de cette Arche. On voit assez combien tout cela est fabuleux. Voyez ce que Tournefort dit de cette montagne, t. 2. p. 147.