Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/ARÈNE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 486).
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ARÈNE. s. f. Sable menu & mouvant. Arena. Il se dit particulièrement des sables de la mer, des rivières, & des grands chemins. ☞ Arène, gravier & sable ne diffèrent que par la grosseur des grains. Les plus petites parties dans lesquelles se réduisent les pierres forment le sable ; les plus grosses le gravier ; & l’on donne le nom d’arène à celles qui tiennent le milieu, plus petites que le gravier, plus grosses que le sable. Ecrire sur l’arène, se dit de ce qu’on écrit, & qui ne sera pas de durée. Bâtir sur l’arène, c’est bâtir imprudemment sur un fond mal assuré, sur le sable mouvant. Cela se dit aussi au figuré des desseins & des entreprises qui n’ont pas un fondement solide.

Ce mot est plus propre pour la poësie que pour la prose.

J’aime mieux un ruisseau, qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs lentement se promene ;
Qu’un torrent débordé, qui d’un cours orageux
Roule plein de gravier fur un terrain fangeux. Boil.

On appelle aussi arène, la partie de l’amphithéâtre des Anciens où se faisoient les combats des gladiateurs & des bêtes farouches. En particulier, l’arène étoit le champ du milieu. Végéce, Liv. I. ch. II, distingue l’arène & le champ, campus. L’arène étoit pour les gladiateurs, ce qu’on appeloit campus, par rapport aux soldats & aux armées, c’est-à-dire, le lieu où ils se battoient ; & celui qui se battoit dans l’arène s’appeloit Arenarius. ☞ Dans ce sens arène est de la prose aussi bien que des vers. Néron obligea les Chevaliers Romains à descendre dans l’arène. Ablanc. C’est de-là qu’est venu le proverbe latin, Consilium in arena ; c’est-à-dire, un conseil pris sur le champ, & sur le lieu du combat, ☞ & l’expression latine, in arenam descendere, descendre dans l’arène, sur l’arène, pour dire, se présenter au combat.

☞ On appelle encore l’amphithéâtre de Nîmes, les arènes.

Ce nom vient du latin arena, sable ; & fut donné au lieu où combattoient les gladiateurs, parce qu’il étoit sablé, ou couvert de sable.

Arènes. On appelle de ce nom, un amphithéâtre que les Romains bâtirent à Nîmes, & qui est un de ceux qui se sont le mieux conservés. Il est encore presque tout entier. On y voit un château que les Goths y construisirent l’an 420, & qu’on appelle le Château des Arènes. Antiq. de Nîmes. Il est encore fait mention dans les anciennes Histoires des arènes de Reims, des arènes de Périgueux, des arènes de Paris, qui étoient devant saint Victor. Ce nom subsiste de même dans quelques autres villes de France, comme à Bourges, où l’on appelle encore la rue des arènes, celles qui conduisoit aux arènes, qui subsistoient il n’y a pas encore bien du temps, & que l’on a comblées pour faire la place que l’on nomme Ducale, ou Bourbon, & où se tient le marché.

Arène, se dit métaphoriquement des exercices de l’esprit, sur-tout en vers.

Mais je n ai pu souffrir qu’une indiscréte veine
Le forçat, vieux athléte, à rentrer dans l’arène.