Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APPROPRIER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 439-440).

APPROPRIER. v. a. Rendre une chose propre, nette, agréable. Adornare, concinnare, expolire. Ce bourgeois a bien approprié sa maison depuis que je n’y suis venu. J’aimerois mieux dire, ajuster, accommoder proprement.

Approprier, signifie aussi, appliquer un passage à quelque chose qui lui convient bien, qui lui est fort propre. Accommodare. Cet Avocat a bien approprié l’espèce de cette loi à sa cause, elle y venoit fort bien. Approprier un exemple à un sujet. Ablanc.

Approprier, avec le pronom personnel, se dit des choses qu’on usurpe, & dont on se rend le maître. Vindicare sibi aliquid, asserere, addicere. Je lui avois prêté mon manteau, il se l’est approprié. S’approprier les ouvrages d’autrui. Boil. Se les attribuer, s’en dire l’auteur. Il n’y a point de nations au monde, où il y ait plus de vains titres que chez les Italiens ; ce qui vient de la facilité qu’ils ont de se les approprier. Cail. Ce favori obsède tant le Prince, & se l’approprie ainsi par une violente usurpation. Balz.

APPROPRIÉ, ÉE. part. pass. & adj. Il a les significations de son verbe en latin comme en françois.

Bénéfice approprié. Terme de droit canonique. C’est celui dont le revenu est annexé à quelque dignité ecclésiastique ou communauté qui nomme un Vicaire pour le desservir. C’est la même chose qu’uni. Voyez Union.

☞ En Angleterre, approprié & inféodé sont termes synonymes.

Ces mots viennent d’appropriare, & de proprius ; & l’on peut y faire sentir un peu les deux pp, quoiqu’on ne le fasse pas communément.