Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APPRENTIE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 436-437).

☞ APPRENTIE. s. f. C’est, disent les Auteurs du grand Vocabulaire, quelqu’une qui s’instruit dans un métier. N’en déplaise aux Auteurs, cette façon de parler est mauvaise. On ne s’instruit point dans un métier, on l’apprend. On apprend d’un maître ; on s’instruit soi-même. Voyez Apprendre. Puella tirocinio mancipata. L’apprentie d’une coëffeuse. Jeune apprentie. Tiruncuata.

La République de Platon.
Ne seroit rien que l’Apprentie
De cette famille amphibie.

La Font. dans son discours à Madame de la Sablière, en parlant des Castors.

☞ Comme on dit apprenti plutôt qu’apprentif, on doit dire apprentie plutôt qu’apprentive. Ainsi on n’auroit pas dû changer le vers de la dixième satire de Boileau, où on lisoit

Vais-je épouser ici quelque Apprentie Auteur ?

& dans lequel on a mis depuis apprentive auteur.

☞ Les Auteurs du grand Vocabulaire, toujours tournés à la critique, traitent de longue dissertation cette remarque, quoiqu’exprimée en peu de mots. Il n’y avoit qu’à écrire de cette manière, disent-ils, sans dissertation. Non, cela ne suffit pas toujours. On n’est pas cru sur sa parole, quand il y a des raisons pour & contre.

☞ Dussent-ils encore le trouver mauvais, j’ajouterai que, malgré l’autorité de l’Acad. qui dit apprentie, le mot d’apprentisse est beaucoup plus en usage : d’où je conclus qu’il est meilleur ; puisque l’usage est le maître des langues vivantes.