Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/APPESANTIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(1p. 429-430).

☞ APPESANTIR. v. a. Rendre moins propre pour le mouvement, pour l’action. Aggravare, prægravare. La vieillesse, l’oisiveté, la maladie appesantissent le corps. Hebetare corpus.

☞ Dans un sens figuré, en parlant de l’esprit & de ses fonctions, c’est le rendre moins vif, lui ôter une partie de son feu, de sa vivacité. Vires infringere, aciem hebetare. L’âge appesantit l’esprit. Les nécessités de la vie présente appesantissent l’esprit, quelque actif & pénétrant qu’il soit. Nicol.

☞ On le dit encore dans un sens figuré, en parlant de la colère de Dieu & des châtimens que sa justice inflige aux pécheurs. Dieu appesantit quelquefois son bras, sa main sur les coupables.

☞ Il est aussi réciproque. Dans le sens propre, c’est devenir plus pesant. Ingravescere, gravari. Le corps s’appesantit avec l’âge, & par l’oisiveté. On dit que la main d’un Chirurgien, d’un Artiste s’appesantit, pour dire qu’elle devient moins legère, moins propre au travail. Les paupières commencent à s’appesantir, pour dire que l’envie de dormir fait fermer les yeux. Somno gravantur oculi.

☞ Au figuré, l’esprit s’appesantit avec le corps. La main de Dieu s’appesantit sur les coupables. Baiser la main de Dieu lorsqu’elle s’appesantit sur nous, c’est le moyen de la trouver plus legère.

☞ On le dit aussi d’un Auteur qui fait un long & ennuyeux détail des choses indifférentes & minutieuses. Cet Auteur charge trop ses descriptions, & s’appesantit sur les détails.

☞ APPESANTI, IE. part. Il a les significations de son verbe. Appesanti par les années. Gravis annis. Yeux appesantis par le sommeil. Somno gravati, natantes oculi. Appesanti par l’oisiveté. Otio languescens. Esprit appesanti. Hebetatus.

Ces mots viennent de pondus, poids.